Les droits de l’homme au Maroc continuent d’être bafoués par les autorités, les prisons sont surpeuplées et les activistes et les journalistes-militants sont toujours une cible privilégiée des services de sécurité. Le rapport 2016 de l’AMDH relèves beaucoup de dépassements et de violence contre les activistes des droits de l’homme, les journalistes et les ONG.
Présenté jeudi à Rabat au siège de l’Association, le rapport 2016 de l’AMDH se focalise en particulier sur ‘’la forte tendance de l’Etat’’ à privilégier ‘’l’approche sécuritaire répressive’’. Le rapport énumère les interdictions d’activités d’associations et de partis politiques, et affirme que ces interdictions sont prononcées sur la base de la loi antiterroriste. Ces organisations politiques sont notamment le parti Ennahdj Eddimocrati (la Voie démocratique), et le PADS, favorables à un référendum d’autodétermination au Sahara Occidental, et principales formations de la gauche marocaine. Il y a également Alternative civilisationnelle (islamiste, dissoute en 2008) et le Parti Al Oumma (islamiste), non reconnu par le ministère de l’Intérieur. En outre, l’AMDH fait état de 346 interpellations parmi des activistes marocains, et les qualifie de ‘’détenus politiques, d’opinion, contre la liberté d’expression et les protestations pacifiques’’. Dans son rapport, ‘’l’AMDH revient également sur le cas des 111 étudiants de l’UNEM, de 85 activistes politiques ayant fait campagne pour le boycott des élections régionales et communales du 4 septembre, de 63 acteurs associatifs et syndicalistes, de 41 sahraouis, de 13 journalistes, de 10 diplômés chômeurs, de 8 membres du réseau Belliraj et de 3 chanteurs de rap’’, note le site Yabiladi.com. Selon l’ONG marocaine de défense des droits humains, les services de sécurité marocains invoquent la loi antiterroriste de 2003 pour procéder à l’interpellation d’activistes pour ‘’ incitation au terrorisme’’, pour avoir ‘’ébranlé la fidélité que les citoyens doivent à l’Etat et aux institutions’’, ou ‘’entrave à la libre circulation sur la voie publique’’ et ‘’atteinte à un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions’’, et même ‘’dégradation de biens publics’’.
Prisons surpeuplées
Par ailleurs, le rapport 2016 sur les droits humains au Maroc de l’AMDH dresse un bilan catastrophique de la situation dans les prisons locales, surpeuplées. Dans la tristement célèbre prison de Marrakech, où des détenus politiques sahraouis sont incarcérés sans procès, quelque 2.299 détenus s’entassent dans des conditions d’hygiène lamentables, alors que la prison n’a été conçue que pour 700 détenus, dépassant ses capacités d’accueil de 328%. Même situation dans la prison de Nador où les capacités d’accueil sont à 140% et de 157,16% à la prison d’Ain Sebaâ de Casablanca. C’est dans ces conditions d’incarcération inhumaine que sont morts, selon l’AMDH, 120 détenus dont 10 condamnés à la peine capitale en 2015. Autre gros problème de la justice marocaine, la détention provisoire. Selon le rapport de l’AMDH, il y a dans les prisons marocaines près de 30.340 détenus qui sont en détention provisoire.
Le rapport de l’AMDH rejoint celui de l’ONG ‘’Reporters sans frontière’’ (RSF), qui a affirmé qu’au Maroc, ‘’ liberté de la presse se dégrade de plus en plus, des journalistes sont poursuivis et arrêtés, la censure rythme la profession.’’ Dans son rapport 2016 sur la liberté de la presse dans le monde, l’ONG française Reporters Sans Frontières (RSF), rapporte que ‘’les autorités renforcent leur emprise sur les médias afin de les dissuader de couvrir des sujets aussi sensibles que la monarchie, l’islam et le Sahara occidental », alors que »les journalistes et journalistes citoyens sont menacés par la censure, de surveillance, d’intimidation, de lourdes amendes et d’emprisonnement. »