Les prévisions sont quasi-unanimement pessimistes quant à la croissance de l’économie marocaine en 2016. Pour Brahim Benjelloun-Touimi, administrateur et directeur général exécutif BMCE Bank of Africa, »la clarification du champ politique » après les législatives de septembre 2016, » les premiers impacts de la décroissance des prix des hydrocarbures et l’évolution de la parité dirham/dollar devraient aboutir à une conjoncture bien meilleure en 2017 ».
Tous les indicateurs de la croissance économique au Maroc pour 2016 sont en baisse. Une baisse de la pluviométrie, une mauvaise saison agricole et un recul des activités du BTPH impactent fortement l’embellie 2015, année pendant laquelle le taux de croissance a atteint 4,5% selon des chiffrés révisés rendus public par le Haut commissariat au Plan le 31 mars dernier.
Après les prévisions pessimistes en début d’année du Centre marocain de Conjoncture (CMC), qui revoyait à la baisse les prévisions de croissance en 2016, c’était au tour du Haut Commissariat marocain au plan (HCP), l’institution dirigée par l’ex-ministre Ahmed Lahlimi Alami, de pointer du doigt, fin janvier 2016, la baisse du PIB agricole comme facteur explicatif du recul prévu de la croissance économique du Maroc en 2016 à 1,3% (au lieu des 2,6% prédits auparavant). La Banque centrale, Bank Al Maghrib (BAM), a ramené, le 22 mars dernier, à 1% ses prévisions de croissance économique en 2016, contre 2,1 % initialement.
L’agriculture dans une mauvaise passe
La production céréalière a été ramenée de 70 millions à 38 millions de quintaux, alors que la valeur ajoutée agricole devrait se contracter de 13,8% et le PIB non agricole continuerait à évoluer à un rythme limité de 2,9%. En 2017, BAM table sur une année agricole moyenne. La croissance devrait ainsi s’accélérer à 3,9%, avec des hausses de 10,8% de la valeur ajoutée agricole et de 3,1% du PIB non agricole.
Outre le fort repli de l’activité agricole, ces prévisions de croissances pessimistes s’expliquent, selon le HCP, par un ralentissement de la demande intérieure et un investissement brut continuant son trend baissier.
Un pessimisme qui peut faire peur aux investisseurs
En juillet dernier, le HCP avait estimé, dans son rapport sur les prévisions de croissance et le budget exploratoire, que la croissance »s’essoufflera en 2016 » si le gouvernement ne met pas en place en urgence une série de réformes.
Le gouvernement prévoit, dans sa loi de finances 2016, un taux de croissance de 3% et une réduction du déficit budgétaire à 4,3% du PIB en 2015. Interrogé par L’Economiste, Brahim Benjelloun-Touimi, administrateur et directeur général exécutif BMCE Bank of Africa, estime que »toute déclaration pessimiste risque (…) de décourager les investisseurs et conduire à un immobilisme dans l’acte d’investir » : »Nous avons la conviction que 2016 sera une année de transition dans la perspective des échéances électorales qui se profilent. »’ Mais, a-t-il ajouté, »la clarification du champ politique » après les législatives de septembre 2016, et »sans doute les premiers impacts de la décroissance des prix des hydrocarbures et l’évolution de la parité dirham/dollar devraient aboutir à une conjoncture bien meilleure en 2017 ».