Ces investissements de taille ont pour objectif de donner un coup de fouet à la production énergétique du Maroc à long terme et à réduire la dépendance du royaume aux importations, qui se révèlent coûteuses et représentaient près de 17 % de la consommation intérieure en 2013.
Cet automne, le gouvernement du Maroc est parvenu à obtenir une enveloppe de 3.4 milliards de dollars auprès d’investisseurs étrangers afin de financer d’ambitieux projets énergétiques. Ces derniers visent à la fois à satisfaire la demande croissante en électricité au sein du royaume et à exporter, à long terme, des énergies renouvelables excédentaires vers l’Europe.
Les trois récents accords, signés avec des investisseurs sud-coréens, français, japonais et chinois, financeront la construction d’une centrale solaire et deux centrales thermiques au cours des cinq prochaines années. Selon l’Agence américaine pour l’information sur l’énergie, la production énergétique du Maroc, qui s’établit actuellement à 22 250 GW, augmentera de quelque 2 000 MW et près de 300 MW proviendront de sources d’énergies renouvelables.
Ces investissements de taille ont pour objectif de donner un coup de fouet à la production énergétique du Maroc à long terme et à réduire la dépendance du royaume aux importations, qui se révèlent coûteuses et représentaient près de 17 % de la consommation intérieure en 2013.
D’après les données officielles, les besoins nationaux en électricité augmentent en moyenne d’environ 7 % par an et le Maroc dépend des importations espagnoles et algériennes. Les nombreux projets industriels à grande envergure en cours devraient accroître encore plus rapidement les besoins durant les prochaines années. Ainsi, il est crucial que le royaume investisse dans de nouvelles initiatives énergétiques.
Projets thermiques
La construction de la centrale thermique au charbon d’une capacité de 1 386 MW dans la ville portuaire de Safi, dans le sud du pays, représente le plus important des trois projets. Il s’agira de la deuxième plus importante centrale au charbon du Maroc.
Safi Energy Company, détenue par le consortium GDF SUEZ (France), Nareva (Maroc) et Mitsui (Japon), se chargera de construire et d’exploiter la centrale, qui sera composée de deux unités thermiques de 693 MW. La centrale sera vendue à l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) pendant 30 ans dans le cadre d’un contrat d’achat signé en 2013.
À la mi-septembre, Safi Energy Company a déclaré avoir mobilisé 2.6 milliards de dollars de financement nécessaires à la construction de la centrale. Les fonds seront octroyés par différents partenaires nationaux et étrangers. Le financement obtenu par Safi Energy comprend 900 millions de dollars de la Banque japonaise pour la coopération internationale, 500 millions de dollars concédés par les banques marocaines Attijariwafa Bank et BMCI, ainsi que 485 millions de dollars fournis par des banques internationales françaises et britanniques. Safi Energy a attribué un contrat de construction, d’une valeur 1.77 milliard de dollars, au Sud-Coréen Daewoo Engineering en 2013. Les travaux devraient débuter sous peu et le démarrage de la centrale est prévu pour 2018.
Le deuxième projet thermique consiste en la construction d’une centrale de charbon d’une capacité de 318 MW dans la ville de Jerada, dans l’est du pays. Les travaux de construction évalués à 3 milliards de dirhams (270 millions de dollars) ont été confiés, en juillet 2013, à la société chinoise SEPCO III (Shandong Electric Power Construction Corporation). Cette dernière est chargée d’agrandir l’unité existante dont la capacité s’élève à 165 MW. En septembre dernier, China Exim Bank a accordé un prêt d’un montant de 300 millions de dollars.
Le projet d’agrandissement de la centrale devrait créer quelque 4 000 emplois à court terme dans la province orientale, donnant ainsi un coup de fouet à une région traditionnellement négligée. La centrale devrait être opérationnelle d’ici la fin 2016.
Selon les autorités marocaines, les deux centrales thermiques devraient accroître les importations annuelles de charbon de plus de 3.5 millions de tonnes par an et gonfler ainsi la facture des importations énergétiques. Les importations énergétiques minent les finances du royaume et contribuaient en 2013 au déficit de 9 % du produit intérieur brut (PIB).
Afin de réduire la dépendance du royaume aux importations et alléger le fardeau fiscal du gouvernement, le Maroc a commencé à renforcer la contribution des énergies renouvelables dans son bouquet énergétique, en accordant une attention particulière à l’énergie solaire et éolienne. Ainsi, le royaume s’est fixé comme objectif de réaliser une production de 2 000 MW d’énergie solaire et éolienne à l’horizon 2020 – portant ainsi à 42 % la part d’énergies renouvelables dans la production d’électricité.
Energie solaire
Dans le cadre de l’initiative visant à donner un coup de fouet aux énergies renouvelables, l’agrandissement d’une centrale d’énergie solaire à Ouarzazate, un projet phare du Plan d’énergie solaire marocain, a reçu des financements ce mois-ci.
Début octobre, la Banque mondiale a accordé au Maroc un prêt de 519 millions de dollars pour financer les travaux de construction de la deuxième tranche du complexe d’énergie solaire d’Ouarzazate. Ce complexe sera composé de deux centrales et produira au total jusqu’à 350 MW. La centrale Noor II disposera d’une capacité d’au moins 200 MW reposant sur la technologie de miroir parabolique et Noor III sera une tour solaire d’une capacité d’au moins 100 MW.
Trois groupes internationaux – menés par l’Espagnol Abengoa, International Power (la division de GDF Suez basée à Dubaï) et le groupe saoudien ACWA – ont été retenus par l’Agence marocaine de l’énergie solaire (Masen) pour concevoir, construire et opérer la centrale Noor II. Ces trois sociétés ainsi qu’un quatrième consortium composé du Français EDF et de Mitsui ont été sélectionnés pour participer à l’appel d’offres pour la centrale Noor III. La Masen a lancé les deux appels d’offres à la fin 2013 et les résultats devraient tomber au cours des prochaines semaines.
D’après des sources bancaires, le projet global, dont le coût devrait s’élever à près de 1.7 milliard de dollars, a suscité un vaste intérêt auprès de partenaires financiers internationaux, dont la banque publique d’investissement allemande KfW, la Banque africaine de développement, la Commission européenne et la Banque européenne d’investissement.