Le gouvernement ne va pas revoir à la hausse les prix du pain et du gaz butane, et laisser libre l’évolution des prix à la pompe, assure le ministre marocain chargé des affaires générales et de la Gouvernance, Mohamed Louafa.
Le gouvernement d’Abdelilah Benkirane (islamiste, modéré) rassure l’opinion publique marocaine, notamment les couches défavorisées : le prix du gaz butane, utilisé pour la cuisson et le chauffage domestique notamment, ne sera pas revu à la hausse et le gouvernement poursuivra sa politique de soutien des prix de la farine. C’est ce qu’a affirmé mardi au Forum de l’Agence marocaine de presse MAP le ministre délégué aux affaires générales et de la gouvernance, Mohamed Louafa. ‘’Le prix du gaz butane ne sera pas touché, et l’Etat continuera à le subventionner, a-t-il précisé, estimant qu’il s’agit d’’’une question épineuse’’. Seulement 38% de la production de gaz butane sont consommés par les ménages, le reste est destiné aux secteurs productifs. Actuellement, la bouteille de 3 kg est vendue à 10 DH (non compris le prix de la consignation) alors que le prix de la bonbonne de 12 kg est de 40 DH. Si l’Etat ne subventionne pas la bobonne de gaz, elle coûtera 31,25 Dh pour la bonbonne de 3 kg et 122,25 Dh pour celle de 12 kg. Dans son projet de loi de finances 2015, le gouvernement prévoit une enveloppe globale de 23 milliards de Dh pour la subvention des prix des produits de première nécessité, dont une grande partie va à la compensation des prix du gaz butane.
Prix du sucre soutenu
L’autre produit de large consommation au Maroc, le pain, ne sera pas également touché par une révision à la hausse de son prix. Selon Mohamed Louafa, le gouvernement Benkirane a décidé qu’il n’y aura pas d’augmentation du prix du pain ‘’tant que le blé tendre est subventionné par la caisse de compensation’’. Le prix de la farine a toujours été subventionné au Maroc, et constitue un produit sensible. Dans les années 1980, le gouvernement de l’époque, dirigé alors par le défunt Driss Basri, avait revu à la hausse les prix du pain. Résultat : des manifestations populaires durement réprimées, des dizaines de morts et de disparus. La même politique de soutien des prix a été encore décidée pour le sucre, une des denrées les plus consommées par les marocains, notamment pour le thé, incontournable boisson dans les zones rurales du pays.
Vers la libéralisation des prix à la pompe
‘’La décompensation (du sucre) n’est pas à l’ordre du jour’’, a assuré le représentant du gouvernement, qui ‘’engagera les discussions sur cette question’’. Quant aux prix des produits énergétiques, M. Louafa a affirmé que la libéralisation des prix des hydrocarbures est inéluctable, mais que l’état ‘’continuera à assurer le suivi des prix de ces produits’’. Dans la perspective de la réforme de la caisse de compensation, un des chantiers du gouvernement Benkirane, le système d’indexation des prix à la pompe a été réintroduit à l’été 2013 pour faire face à une hausse vertigineuse de la facture énergétique soutenue par l’Etat, qui avait atteint en 2013 plus de 55 milliards de dirhams (environ 5,5 mds d’euros). Le gouvernement Benkirane prévoit dans le cadre du projet de loi de finances 2015 des dépenses de compensation estimées à 23 milliards de DH contre 32 mds de DH en 2014, une baisse qui s‘explique par l’introduction du système d’indexation des prix à la pompe.
