De nouveau, les syndicats marocains relancent le gouvernement de Abdelilah Benkirane pour la reprise du dialogue social, en panne depuis avril 2011, et accélérer les négociations pour la hausse des salaires et le régime des retraites.
Trois des principales centrales syndicales marocaines (UMT, CDT et FDT) ont de nouveau relancé cette semaine le gouvernement pour la reprise du dialogue social. Au menu de leurs revendications, dix grands dossiers, dont la révision du régime de retraite. Impatients, les trois centrales syndicales demandent au gouvernement d’annoncer une date pour la reprise du dialogue social, qui doit porter sur ces dix dossiers. Selon Miloudi Moukharik, SG de l’Union marocaine du travail (UMT), cité par L’Economiste, « la retraite est un point parmi d’autres. Cette question devrait être tranchée une fois le comité d’experts réuni sur les différentes propositions des syndicats ». Sur cette question des retraites, le gouvernement de Abdelilah Benkirane veut retarder l’âge de départ à 62 ans (contre 60 ans actuellement) à partir de juillet 2015, avant de le porter progressivement à 65 ans, à partir de 2016, à raison de 6 mois par an.
Les syndicats sont également contre la baisse du niveau de la pension de retraite qui pourrait être occasionnée par la révision du salaire de référence. A l’ordre du jour des principales revendications des trois syndicats, il y a également la nécessité de mettre en œuvre tous les engagements pris par l’exécutif, notamment ceux relatifs à l’accord du 26 avril 2011, dont l’augmentation des salaires et des pensions, la réforme du système de retraite, ainsi que le respect des libertés collectives et individuelles, particulièrement la liberté syndicale et le droit de grève.
L’indifférence du gouvernement décriée
»Le dialogue social, n’est pas gelé », avait récemment affirmé Mustapha El Orfi, porte parole du gouvernement. Une rencontre préliminaire avait été organisée en décembre dernier pour déblayer le terrain à un sommet social, qui regrouperait les syndicats et le patronat. »Le gouvernement a consacré 24,8 milliards de dirhams entre 2012 et 2014 à la mise en œuvre de l’accord du 26 avril 2011 et des accords sectoriels », a ajouté El Orfi. En mai dernier, et pour calmer le front social, le gouvernement Benkirane avait annoncé une hausse de 10%, en deux tranches, du Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) et du salaire minimum agricole garanti (SMAG), soit 5% à partir du 1er juillet 2014 et 5% en juillet 2015. Depuis, rien. Et, à l’appel de l’UMT, la FDT et la CDT, une méga manifestation avait été organisée à l’automne dernier pour dénoncer le blocage du dialogue social, et appeler le gouvernement à reprendre le cycle de réunions avec les syndicats pour examiner les dossiers sociaux en suspens. Une impressionnante démonstration de force « pour la défense du pouvoir d’achat, la dignité, la liberté et la justice sociale » de ces trois syndicats, auxquels s’étaient joints d’autres centrales ouvrières (UGTM et UNMT) pour dénoncer « le manque de volonté du gouvernement pour reprendre le dialogue social ».