Pour les syndicats, le chef du gouvernement Saad Eddine El Othmani fait peu de cas du dialogue social et tente d’imposer unilatéralement ses solutions. A quelques jours de la rentrée sociale, ils se rappellent à son souvenir.
Le chef de gouvernement, qui avait présenté au parlement juste après sa nomination par le roi, un projet de loi controversé sur le Travail, le droit de grève, et la retraite, s’est attiré la colère des syndicalistes, qui lui reprochent de ne pas les avoir consultés sur ces dossiers.
A quelques jours de la rentrée sociale, les cinq centrales syndicales marocaines comptent faire le forcing pour que le gouvernement retire son projet de loi sur la grève du bureau du Parlement.
Ce projet de loi très coercitif pour les travailleurs, qui avait été déposé par l’ex-gouvernement »sans aucune concertation préalable avec les centrales », devrait en outre être négocié dans le cadre du dialogue social, estiment les syndicats, qui veulent revoir également la loi sur la retraite, déposée par l’ex-gouvernement Benkirane et adoptée par les parlementaires également sans consultation des syndicats.
Dans sa déclaration de politique générale devant les parlementaires en mai dernier, Saad Eddine El Othmani avait annoncé qu’il comptait revoir le code du travail »afin de garantir son efficacité, son efficience et sa compatibilité avec la réalité. » Sur le dossier de la retraite, le chef de gouvernement a promis de revoir certains aspects, et relancer rapidement »le dialogue sur la réforme globale des retraites, afin d’aboutir à un système avec deux grands pôles, public et privé. »
Pas de hausse des salaires pour 2018 ?
Mais, depuis, le discours du chef de l’Exécutif a changé. Dans sa lettre de cadrage de la loi de Finances 2018, le gouvernement ne prévoit ni augmentation de salaire, ni création d’emploi, ni revalorisation des conditions de vie et de travail des salariés.
Pour le SG de l’Organisation démocratique du travail (ODT), Ali Lotfi, »cela n’annonce rien de bon pour les travailleurs ». »Cette situation ne laisse d’autre choix aux syndicalistes que celui de se mobiliser contre cette politique d’austérité et de remise en cause des acquis sociaux », a précisé le syndicaliste dans une déclaration au »Matin ».
Même position au sein de l’Union marocaine du travail (UMT), déçue par la position du gouvernement sur le dialogue social. Pour son SG Miloud Moukharek, l’UMT »ne croit plus en la version actuelle du dialogue social. »
‘Depuis sa nomination, le Chef du gouvernement n’a tenu qu’une seule réunion avec les centrales syndicales et il s’agissait d’une réunion formelle et protocolaire. Un signe qui démontre que ce gouvernement ne croit pas aux vertus du dialogue social », avait-il souligné dans une précédente déclaration à la presse.
Plusieurs centrales syndicales, à l’image de la CDT, l’UGTM ou l’UMT, attendent un gage de bonne foi du Chef du gouvernement pour restaurer une confiance perdue après cinq années de »non-dialogue », estiment des syndicalistes. Le dialogue social avait été enclenché sous le gouvernement dirigé par le Parti Justice et Développement (PJD) en avril 2011, mais depuis, il est devenu épisodique, le gouvernement ayant sans cesse fait reculer la date de ses rencontres avec les syndicats.
L’appel au dialogue social des syndicats intervient avant les débats sur le projet de loi de Finances 2018, auxquels les milieux syndicaux veulent participer, ou, à défaut, être »écoutés ». Les revendications syndicales portent notamment sur la revalorisation des salaires, l’amélioration des conditions de travail, la révision du régime de retraite, mais également sur le droit à la grève des travailleurs, la santé, et l’avancement dans les grades pour les travailleurs de la fonction publique.