Le gouvernement marocain est dans l’embarras. Il a annoncé dans la loi de finances 2015 que le chômage devrait baisser à moins de 8% sur la base d’une croissance de plus de 4%. Les chiffres du Haut Commissariat au Plan (HCP) pour le troisième trimestre de 2015 montrent clairement une hausse du chômage au Maroc. Et, du coup des questionnements des sénateurs de l’opposition.
Au troisième trimestre 2015, le taux de taux de chômage est passé de 9,6% à 10,1% au niveau national, de 14,5% à 15,1% en milieu urbain et de 4,1% à 4,3% en milieu rural, indique le HCP dans sa dernière note d’informations sur la situation de l’emploi au Mar oc. Quant au sous-emploi, il a augmenté de 0,7 point, passant de 10,6% à 11,3%. Il est passé de 9,6% à 10,2% en milieu urbain et de 11,6% à 12,3% en milieu rural, précise t-on de même source. »Avec 11.992.000 personnes, la population active âgée de 15 ans et plus a augmenté, entre les troisièmes trimestres de 2014 et 2015, de 0,9% au niveau national (+1,2% en milieu urbain et +0,5% en milieu rural) » indique le HCP qui précise que »la population en âge d’activité s’est accrue, quant à elle, de 1,5%. » Le taux d’activité est passé, entre les deux périodes, de 48,2% à 47,9%, enregistrant une diminution de 0,3 point. Par ailleurs, 153.000 postes d’emploi rémunérés ont été créés au cours de la même période, 98.000 postes en milieu rural et 55.000 en milieu urbain. L’emploi non rémunéré, composé d’environ 98% d’aides familiales, a en revanche enregistré une baisse de 112.000 postes, 81.000 en zones rurales et 31.000 en zones urbaines, précise le HCP.
Colère et incompréhension
Pour autant, la publication de ces chiffres a provoqué des remous au sein de l’opposition à la chambre des Conseillers (Sénat). Cette polémique sur les statistiques relatives à la situation du marché du travail est apparue lors de la discussion du projet de loi de Finances 2016 au Sénat, car le gouvernement s’était engagé sur une baisse importante du chômage en 2015. Qualifiant cette polémique de »tempête dans un verre d’eau », le Haut Commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi Alami estime de son côté, en réponse aux réactions des Sénateurs, que »mes propos ont été mal interprétés. Les députés ont soulevé la question du taux de chômage et j’ai répondu que les statistiques sur un trimestre n’avaient pas de sens puisqu’il faut une lecture sur de longues périodes ». Mohamed Boussaid, ministre de l’Economie et des Finances, entretient de son côté la polémique en relevant que »les statistiques de l’emploi méritent néanmoins d’être finement analysées. » Mais, le patron du HCP et le ministre des Finances s’accordent au moins sur le fait que »le troisième trimestre coïncide avec l’arrivée sur le marché des nouveaux diplômés. » Après son adoption par les députés, le projet de loi de finances 2016 est débattu actuellement au niveau du Sénat. La loi de Finances pour 2016 table sur une croissance modeste de 3%, la poursuite de la réduction du déficit budgétaire à 3,5% et une inflation maîtrisée à 1,7%. Le gouvernement Benkirane compte également créer 26.000 postes de travail dans la fonction publique, en plus de ceux qui devraient être créés par une enveloppe de 189 milliards de DH dégagée pour l’investissement public.