Suite à la mise en détention préventive et mise en examen pour « espionnage et viol » du journaliste Omar Radi, l’ONG Human Rights Watch (HRW) dénonce « une manipulation flagrante du système judiciaire ».
« L’arrestation survient après que la police l’ait convoqué 12 fois au cours du mois dernier, pour des séances d’interrogatoire de 6 à 9 heures chacune, pendant qu’une campagne de diffamation féroce était menée à son encontre dans des médias réputés proches des services de sécurité », lit-on dans un communiqué de HRW.
Pour Eric Goldstein, directeur par intérim pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Human Rights Watch, « bien que toutes les allégations de viol doivent faire l’objet d’enquêtes approfondies et équitables, le contexte fait craindre que les deux accusations contre Omar Radi soient une manipulation flagrante du système judiciaire pour réduire un journaliste critique au silence, alors que les attaques contre la liberté d’expression au Maroc se multiplient ».
Le comité pour la protection des journalistes rappelle que si M. Radi est reconnu coupable d’atteinte à la sécurité nationale en vertu des articles 191 et 206 du code pénal marocain, il risque une amende allant de 1 000 à 10 000 dirhams (107 à 1 071 dollars) et de un à cinq ans de prison. S’il est reconnu coupable d’agression sexuelle en vertu des articles 485 et 486, il risque alors jusqu’à 10 ans de prison.
Dans le sillage de son arrestation, le comité de soutien à la libération de Omar Radi s’est également activé, via la publication d’une vidéo de l’intéressé enregistrée avant son arrestation, mais aussi un communiqué du journaliste où il nie toutes les accusations qu’il présente comme « fausses et fallacieuses ». Au sujet de l’acte de viol reproche, Omar Radi présente la relation comme étant consentie, ajoutant que son « seul crime dans ce dossier/coup monté est mon exercice de ma liberté individuelle avec une certaine indifférence face aux dangers qui me guettaient, et une insouciance vis-à-vis des oppresseurs qui me poursuivaient nuit et jour, recensaient mes déplacements et mes mouvements ».
Des militantes féministes se sont également insurgées contre ce qui, selon elles, ressemble à une exploitation des droits des femmes à « des fins politiques et sécuritaires ».
Source: le Desk