Pour le gouverneur de la Banque centrale marocaine, Abdelatif El Jouhari ‘’les stress-tests réalisés ont conduit à l’absence de risque systémique du système bancaire marocain’’ face aux difficultés financières de la Samir’’.
La société marocaine de raffinage, Samir, détenue par un investisseur saoudien, traverse une forte zone de turbulences, avec à la clé une perte financière de 2 milliards de dirhams au 1er semestre 2015.
Pour les milieux financiers marocains, dont les banques engagées avec la Samir, les risques financiers sont réels, d’autant que le titre de la société est bloqué à la Bourse de Casablanca depuis août dernier.
Dans une intervention devant la presse, le gouverneur de la Banque centrale marocaine Abdelatif El Jouhari a rassuré sur le risque que fait peser la Samir sur les banques marocaines, en particulier Attijari, dont les engagements sont importants. Il explique que pour le moment, il n’y a aucun risque ‘’systémique’’ pour les banques de la place engagées avec la Samir, qui traîne une ardoise de 43 milliards de DH, soit environ 4,3 milliards d’euros.
C’est énorme mais le patron du régulateur marocain estime que ‘’les stress-tests réalisés ont conduit à l’absence de risque systémique du système bancaire marocain’’ face aux difficultés financières de la Samir’’. ‘’Nous avons 8 Mds de DH d’engagements sur la Samir. En tant que régulateur, nous avons tiré les éléments d’informations sur ce dossier’’, a-t-il précisé durant cette conférence de presse consacrée aux difficultés financières de la société marocaine de raffinage, ainsi que des groupes immobiliers, et tenue à la suite du conseil d’administration de BAM.
Dans l’attente d’un plan de sauvetage
En face, le conseil d’administration de la Samir, tenu le 11 septembre dernier, n’a pas tranché sur les solutions urgentes pour mettre en place un plan de sauvetage et redresser la situation. En attendant la tenue le 12 octobre prochain d’une assemblée générale extraordinaire avec pour objectif ‘’de concrétiser l’opération d’augmentation de capital selon le plan de restructuration financière adopté en étroite collaboration avec tous les partenaires », selon un communiqué du groupe.
Dans l’immédiat, c’est l’impasse totale et aucune mesure n’a été prise pour rassurer les partenaires de la Samir. C’est d’autant plus inquiétant pour eux le bilan du premier semestre 2015 est plutôt mauvais. Le groupe a enregistré au 1er semestre 2015 une perte de 2,17 milliards de DH (223 millions d’euros). Après une année 2014 catastrophique, la Samir s’est enfoncée d’avantage dans la crise, avec notamment une dette bancaire et obligataire supérieure à 20 milliards de dirhams (près de 2 milliards d’euros). Dans l’immédiat, le premier raffineur au Maroc a besoin de 9 à 10 milliards de dirhams d’apports en fonds pour redresser la situation et, surtout, éviter la faillite.
Un conseil d’administration de la Samir s’est tenu mardi 8 septembre, sans pour autant déboucher sur un plan de sauvetage. Le titre de la Samir a perdu à la bourse de Casablanca 41,87% de sa valeur depuis le début de l’année, et 47,33% en 2014, exercice durant lequel elle a perdu 3,42 milliards de dirhams.
La Samir, chargée du raffinage, de la distribution et de l’exportation de produits d’hydrocarbures, est détenue majoritairement par Corral Petroleum Holding Maroc, propriété du saoudien d’origine éthiopienne Mohammed Ben Hussein Al Amoudi, détenteur d’un portefeuille de 8.004.905 actions (67,3% du capital).