« Actuellement, il n’existe en Algérie qu’un seul opérateur de téléphonie fixe, en l’occurrence Algérie Télécom. Nous voulons créer de réelles conditions de concurrence en installant un ou plusieurs autres opérateurs pour le fixe ». Ce sont les propos de Mme Zohra Derdouri, la ministre des PTIC, lors du premier regroupement national des directeurs commerciaux et de production de l’opérateur Algérie Télécom (AT). Bien qu’elle s’est toujours montrée opposante au dégroupage, Mme Derdouri, semble avoir revu sa copie, et annonce, de fait, qu’elle est en train d’opérer un dégroupage de la boucle locale d’AT. Ce processus, qui sera sans doute long, fera perdre à l’opérateur historique son statut d’opérateur monopolisateur du câble cuivré et de l’accès ADSL. AT sera obligé d’ouvrir son réseau pour faciliter le développement de la concurrence. Malgré la prudence relevée dans les propos de la première responsable des TIC en Algérie, rien n’indique qu’AT demeurera totalement propriétaire de sa boucle locale. En effet, le modèle des sociétés de transport ferroviaire peut être une piste intéressante pour opérer le dégroupage.
Pour bien illustrer le principe de l’ouverture de la boucle locale à la concurrence, il faut savoir que les trains et les voies ferrées seront gérés par deux entités différentes. Par analogie, les trains correspondent aux infrastructures réseaux et aux équipements de chaque opérateur de télécommunications, alors les voies ferrées représentent les câbles reliant le domicile de l’abonné aux équipements de l’opérateur. Ainsi, la concurrence se fera par les infrastructures, ce qui favorisera la création d’emplois et améliorera la qualité des services offerts par chaque opérateur. La carte du haut débit fixe risque donc d’être revue. Le un ou les concurrents d’AT vont pouvoir accéder aux milliers de foyers non encore reliés à la boucle locale de l’opérateur historique pour leurs offrir des accès ADSL. Si ce scénario devait se produire, ce serait une opportunité aux usagers de choisir librement les meilleures offres. Le prix du Megaoctet sera appelé à baisser et le taux de pénétration de l’Internet du pays augmentera. Quand à l’opérateur historique, il deviendra un opérateur comme un autre. Ses cadres dirigeants seront obligés de changer de stratégie commerciale afin d’offrir de meilleurs services et des contenus attractifs, à des tarifs concurrentiels. Finalement Mme Derdouri a remis en cause ses positions par rapport à l’avant-projet de loi des télécommunications amendant celle en vigueur, pour la bonne cause. Celle de rendre, en Algérie, la concurrence dans le haut débit fixe une réalité.