L’économie du pays est victime de trahisons et de lèse-majesté. Estime Mokdad Sifi qui a été aux affaires au plus fort des années de réajustement structurel et des accords avec le FMI, sur fond de terrorisme islamiste aveugle.
Ce rêve avorté d’une Algérie productive et prospère il l’étaye avec moult exemples. L’ex Premier ministre durant la présidence de Liamine Zeroual et non moins ex ministre de l’équipement, il évoque avec nostalgie cette période prometteuses que furent les années 1970 : « Ces années là étaient les années d’or de l’investissement industriel et productif. » Regrette Sifi.
« L’Algérie avait alors réalisé vingt millions de tonnes de raffinage par an. Depuis, plus rien ! le néant ! L’on s’est orienté vers le tout import. » « J’ai même été à Sedrata pour prospecter du terrain aux fins de construire des unités de fabrication de pièces de rechange mécanique comme le filtre et les roulements…mais l’ambition a été cassée ne plein élan. L’on a tout fermé. » Poursuit- il au micro de Radio M. « L’économie algérienne est cassée. Quelques mille cinq cent entreprises ont été dissoutes. Les réformes sont quasiment au point mort. Tout reste à faire, alors que l’horizon économique du pays est bouché. » Martèle Sifi qui déplore l’absence de perspectives et de stratégie à même de piloter un projet avantageux et cohérent. En matière d’investissement Mokdad Sifi défend une position neutre en avançant : « Je ne suis ni pour le tout privé ni pour le tout publique. Je rappelle seulement que l’on devait tout simplement commencer au moment voulu. »
Interpellé sur les possibilités d’engager des réformes sérieuses dans la continuité politique, il répond tout de go : « Le système actuel est dépassé. Je suis l’un des premiers qui ont appelé au changement. » Il livre alors à cœur ouvert son témoignage et livre son analyse sur la base de son vécu d’homme politique et indépendamment de toute velléité de complaisance : « Si l’on ne fait rien aujourd’hui nous ne ferons que remettre en cause l’avenir du pays. La situation est grave sur le plan économique. » L’ex candidat aux présidentielles de 1999 lance alors un ultime appel : « Aidez le pays à sortir de l’ornière et l’histoire retiendra votre mérite. Il est temps de dépasser la guerre de chapelles et de penser en priorité aux intérêts du pays qui sont menacés. » S’appuyant sur les thèmes que livre l’actualité il pointe du doigt les incohérences. Usant d’un langage franc, il dessine un environnement décisionnel nihiliste et presque schizophrène en avançant l’exemple de la loi de finance « pondue » dans une parfaite dichotomie avec la réalité sociale et économique du pays.
Quelle est notre stratégie économique ? S’interroge l’invité de Radio M en avançant qu’une loi de finance proprement dite doit s’intégrer dans un contexte et non imposée comme la science infuse à la communauté. Mokdad Sifi en appelle au rôle souverain et régulateur de l’Etat dans toute économie de marché qui se respecte. « Réguler l’économie c’est cela l’essentiel ! » Clame-t-il tout en regrettant que le conseil de la concurrence brille par son absence. Ni les intérêts occultes, ni les forces de l’inertie ne dissuadent Sifi qui a confiance en tout un chacun ; en chaque algérien où qu’il se trouve pour opérer le changement salutaire. « Je ne suis pas pessimiste » souligne-t-il. Il s’autorise l’espoir sans pour autant nécessairement passer par un autre « octobre rouge». Il met enfin en garde contre les dérives que peut occasionner le pouvoir, tout en se félicitant que le culte du chef sacralisé soit dépassé en Algérie. « Nous pouvons déjà construire sur cet acquis ! » conclut- il.