Le 4 juillet dernier, le Premier ministre Abdelaziz Djerad et son ministre des Finances Aymen Benabderrahmane, ont annoncé, lors d’une cérémonie officielle, l’émission d’une édition de billets et de pièces de monnaie. Pratiquement six mois après, cette mesure aussi symbolique soit-elle, semble avoir rejoint le contingent des promesses non tenues par l’exécutif, pour le plus grand bonheur des rois de la « chkara ».
En effet, et à l’occasion da le fête de l’Independence algérienne et au lendemain de la restitution des restes mortuaires de certains martyrs de la résistance populaire, un nouveau billet de la Banque de la valeur de 2000 DA, à l’effigie du groupe des 6 héros, ainsi qu’une pièce de monnaie représentant ,elle, la figure d’Ahmed Zabana, premier martyr guillotiné en Algérie, ont été dévoilés en grande pompe à l’opinion publique.
Pour les membres du gouvernement présents lors de cette occasion, il ne s’agissait ni plus ni moins que d' »une autre symbolique historique qui parlera de l’atrocité du colonialisme dans toutes ses mesures ». Ils ne croyaient pas si bien dire !
Mais ce n’est pas tout ! le premier ministre avait également annoncé l’octroi d’un lot de terrain destiné à la réalisation d’un centre industriel moderne incluant, en sus d’une imprimerie, un siège pour le Trésor public, le centre national de tri des billets d’argent, un centre professionnel pour les métiers de fabrication et d’impression d’argent. Cette démarche, quant à elle, permettra, selon lui, « de hisser le rendement de cet établissement souverain de droit légal à l’émission d’argent ».
Cependant, à l’heure ou l’année 2020 s’apprête à plier bagages, aucune des mesures annoncées n’a encore vu le jour. Ceci, au moment où de nombreux experts appellent à la substitution immédiate de tous les billets de banque, afin d’en finir avec l’argent « fantôme » de l’informel, qui échappe au circuit bancaire et pouvoir en récupérer une partie. Mais à travers l’accumulation des annonces de réformes sans lendemain, l’Etat semble ne pas vouloir prendre la question à bras le corps.
Et pour cause, la politique monétaire algérienne a été sujette à de nombreux « bricolages » opérés durant les dernières décennies, sans pour autant avoir tracé un cap pour l’avenir. Incapable de se réinventer, elle montre actuellement des signes de faiblesse voire de capitulation sous le poids des réalités économiques, qui sont accentuées par la crise du Coronavirus et l’érosion du niveau des réserves de change. Selon la Loi de Finances 2021, celui-ci devrait passer en dessous des 47 milliards de dollars en 2021, avant une reprise progressive lors des deux années suivantes.
Selon plusieurs experts, la tare principale de la « Finance » algérienne réside dans l’inertie des pouvoirs publics et leur réticence à mettre en place ou à appliquer les réformes « libérales » qui s’imposent, à l’image de la Banque d’Algérie, qui assiste sans brocher à la perte de valeur à caractère endémique du dinar, pris dans la spirale dangereuse de la dévaluation.
Pour l’expert algérien Omar Berkouk, il est nécessaire de libéraliser un maximum de secteurs marchands pour économiser les ressources de l’État. « Aujourd’hui, c’est le constat d’impuissance de celui-ci qui le commande. Cette ouverture est un des volets des réformes de structure que tout le monde espère pour sortir le pays de la dépendance des hydrocarbures et entamer la diversification économique salutaire. Il s’agit d’une réforme délicate et importante qui était difficile à mener en période d’aisance financière en raison des conséquences sociales des restructurations préalables à ce processus. Dans le contexte de faibles marges de manœuvres financières de l’État, cette action est devenue difficile mais il faudra la faire. » a-t-il déclaré dans un entretien accordé au magazine l’Actuel International.