Les compagnies pétrolières nationales seront les décideurs du marché pétrolier futur, et non pas l’Opep. Et Sonatrach doit s’imposer dans le Top 10 de ces compagnies. Selon l’expert énergétique, Mourad Preure, lors d’une conférence du Care.
Lors de la conférence organisée, ce matin à l’hôtel Hilton, par le Cercle d’Action et de Réflexion Autour de l’Energie (Care), l’expert pétrolier international Mourad Preure prône la conservation des réserves pétrolières nationales, par le maintien du niveau actuel de la production et le retour au nationalisme économique par la préférence d’une économie nationale. « Il faut garder son sang froid par ces temps de crise », a appelé l’expert pétrolier, en rassurant que cette crise, due à la baisse des prix de pétrole, n’est que conjoncturelle. « La nature de l’industrie pétrolière est convulsive », a-t-il expliqué, en prévoyant une reprise des prix du baril dans deux ans, poussée par l’augmentation d’une demande mondiale due à la croissance de la consommation énergétique indienne et chinoise, notamment la consommation du carburant. « Il n’y a pas d’alternative au pétrole en réalité, et le mixte énergétique (énergie verte et énergie nucléaire), ne pourront qu’à l’horizon 2050, représenter 50% de la consommation énergétique mondiale. Pour l’heure, la demande énergétique fossile augmentera parallèlement à l’augmentation attendue de la consommation interne chinoise et indienne. Le prix du pétrole sera autour de 50 dollars le baril d’ici la fin 2015 et début 2016. Ce prix pourrait baisser sous les 40 dollars dans le cas où l’Iran et l’Irak augmentent leurs productions. Mais ce scénario est « peu probable », a-t-il rassuré.
Le champ pétrolier algérien est sous exploité
Ce professeur de stratégie et de géopolitique de l’énergie informe que les réserves algériennes en énergie fossiles sont estimées à environs 12 milliards de m3, et que les gisements actuels ont encore plusieurs années de récupération devant eux. Devant cette chute inquiétante des prix du pétrole, Mourad Preure, appelle au maintien du niveau actuel de production : « Il faut acheter des sociétés pétrolières étrangères qui ont des réserves et entrer dans leurs capitaux tout en préservant nos réserves. On pourrait même acheter des raffineries internationales qui sont à l’agonie, mais il n’est pas intelligent d’augmenter notre production et épuiser nos réserve », a estimé M. Preure. Pour lui, les réserves algériennes ont encore de longues années devant elles. Mais pas seulement, car selon lui, outre ces réserves connues, le sous sol algérien est sous exploité, et « il n’est pas impossible de découvrir un nouveau Hassi Messaoud et un nouveau Hassi R’mel », opine-t-il contrairement à d’autres experts. « L’exploration du sous sol algérien peut nous réserver de belles surprises », a-t-il lancé.
Le cartel pétrolier aura une existence symbolique dans le futur
Le cartel pétrolier (OPEP), dont certains analystes internationaux prédisent la disparition, n’aura plus de poids décisionnel dans le futur paysage pétrolier, estime Pr Preure. Ce futur monde pétrolier sera dirigé, selon lui, par les compagnies pétrolières nationales. « L’Opep n’aura plus qu’un rôle symbolique dans le futur. Les véritable forces de décision seront entre les mains des compagnies pétrolières nationales, et Sonatrach doit figurer parmi le Top 10 de ces compagnies nationales mondiales », a-t-il affirmé.
L’autre paramètre décisionnel dans le futur marché pétrolier mondial est la recherche et la technologie. Ce sont les centres et les laboratoires de recherches qui seront les paramètres déterminants de la force d’une compagnie pétrolière. « La force d’une compagnie pétrolière n’est plus les hommes en casque et uniformes de chantier, mais plutôt des hommes en blouse blanche. Ceux sont les géophysiciens, les géo scientifiques, et les experts en génie de gisement », clame-t-il.