Nazim Zouiouèche qui était mardi l’invité du « Direct » de Radio M ne croit pas beaucoup à l’efficacité des actions de diplomatie économique mise en œuvre par les autorités algériennes dans le but d’enrayer la baisse des prix pétroliers.
Pour l’ancien PDG de Sonatrach « les fondamentaux du marché n’ont pas évolué depuis juin 2014. A la base, le marché est suralimenté, la demande est en baisse et l’Opep a décidé de maintenir son plafond de production ». Une stratégie portée par l’Arabie Saoudite qui « affirme être agressée et cherche à sauvegarder ses parts de marché en maintenant ses niveaux de production ». Nazim Zouiouèche ne partage pas non plus le raisonnement « le plus répandu, selon lequel la baisse actuelle des prix du baril va faire sortir les producteurs marginaux du marché ». Pour cet expert en énergie, « la production ne diminuera pas et on sous estime le rôle de la technologie qui avance et qui permet de faire baisser rapidement les coûts de production ». Même dans le cas particulier du gaz de schiste américain, les coûts de production élevés ne seront pas un obstacle à la poursuite de leur exploitation en raison des retombées nombreuses sur l’ensemble de l’économie américaine qui bénéficie d’une « relance de l’activité économique, de commandes d’équipement, de création d’emplois et de distribution de revenus ».
Temps perdu dans la mise en valeur des nouveaux gisements
Dans le cas de l’Algérie, cette baisse des prix n’a pas encore été complètement enregistrée dans la valeur des exportations en 2014 et « son impact devrait surtout se faire sentir en 2015 ». Dans cette situation, l’augmentation des volumes de production serait elle une parade possible pour maintenir le niveau de nos revenus pétroliers ? Nazim Zouiouèche ne cache pas son scepticisme à propos des prévisions des responsables actuels du secteur qui évoquent une augmentation de la production de gaz de 50% d’ici 2019. Pour l’expert algérien, il s’agit d’ « effets d’annonce, la réalité est que notre production d’hydrocarbures diminue de 4 à 5% par an depuis 2008. « Qu’a-t-on fait là dessus ? » interroge-t-il. Les potentialités des gisements du Sud Ouest algérien qui « pourraient permettre une production de 12 milliards de m3 par an, sont connues depuis 2006 et on parle maintenant d’une entrée en production en 2018. On a perdu énormément de temps ».
Une réponse multiple
Nazim Zouiouèche plaide en faveur d’une « réponse multiple » face aux défis rencontrés aujourd’hui par le secteur de l’énergie. Elle passe, selon lui, d’abord, par une meilleure exploitation des gisements anciens qui « représenteront encore pour longtemps la marge de manœuvre la plus importante pour le secteur ». Même si aujourd’hui « l’Algérie ne remplace pas ses réserves par la découvertes de nouveaux gisements », l’ancien patron de Sonatrach est convaincu qu’une « démarche plus percutante » à travers l’intensification de l’effort d‘exploration de Sonatrach et de ses partenaires peut encore réserver de bonnes surprises. Il rappelle dans ce domaine qu’« on évoquait déjà dans les années 80 un épuisement prochain des réserves avec la perspective d’importer du pétrole en 1995 avant que les découvertes du Bassin de Berkine ne remettent en cause ses prévisions ». Fidèle à une position qu’il défend depuis de nombreuse années, Nazim Zouiouèche souligne également la nécessité d’une stratégie nouvelle en matière d’économies d’énergie qui devrait passer, au moins dans une première étape, par la réduction du volume des gaz torchés qu’il estime à « 6 milliards de m3 par an qui partent en fumée alors qu’à la fin des années 90 on avait presque complètement éliminé le torchage ».
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