Nouria Benghabrit, ou l’archaïsme sous le vernis de la modernité (Opinion) - Maghreb Emergent

Nouria Benghabrit, ou l’archaïsme sous le vernis de la modernité (Opinion)

Facebook
Twitter

 

Mme Benghabrit poursuit sa chute. Elle subit une nouvelle humiliation, et entraine avec elle l’école, la loi et la république.

 

La ministre de l’Education était supposée sauver l’école, y apporter de la modernité et de la réflexion, faire reculer le charlatanisme et les approximations. Elle a fait illusion dans certains cercles, qui continuent à la soutenir malgré tous ses déboires.

Son bilan est terrible, parce qu’il y avait erreur sur le contenu dès le départ. Une ministre qui fait son entrée au gouvernement au début du 4ème mandat ne peut pas porter un projet moderne. Comment faire partie d’une abjection et prétendre faire avancer le pays ?

Il fallait payer pour voir. L’Algérie a payé pour prendre la mesure de tous les dégâts causés par la ministre de l’Education. Mme Benghabrit a discrédité le ministère, dévalorisé les institutions, humilié la République. L’histoire de la seconde session du bac avait déjà montré son aptitude aux compromissions. La coupure de l’internet pour éviter la fraude au bac a confirmé son penchant aux décisions les plus absurdes. La crise de février 2018 a confirmé qu’elle était disposée à aller loin, très loin dans cette direction, pour des objectifs mystérieux.

Cela ne veut pas dire que l’accord mettant fin à la grève est une mauvaise chose. On ne peut que se féliciter du retour des élèves à l’école, plus que celui des enseignants au travail. Cela veut dire que le conflit a été géré de la pire des manières.

Mme Benghabrit s’est engagée dans un bras de fer avec les syndicats enseignants, multipliant les menaces et faisant de la surenchère. A-t-elle mal apprécié la situation ? A-t-elle présumé de ses forces et de ses soutiens ? A-t-elle été induite en erreur ? A-t-elle obéi à des instructions ?

Peu importe. Elle a fait licencier des enseignants avant de les réintégrer. Ce faisant, elle a discrédité la parole d’un ministre, qui n’a désormais aucune valeur. Elle a confirmé qu’un ministre ne décide pas, mais que son rôle se limite précisément à jouer un rôle de figurant. Elle a piétiné la loi, en en faisant un simple instrument pour justifier ses décisions. Elle a provoqué une crispation dans un secteur sensible, et perturbé la scolarisation de millions d’élèves pour être finalement contrainte à une reddition en rase campagne.

De la modernité

Mme Benghabrit n’est pas une femme moderne. Elle se contente du vernis de la modernité, alors qu’elle patauge dans un monde totalement archaïque. Elle ne valorise pas les institutions, les règles du droit, la transparence, le respect des autres. Elle ne croit pas aux élections honnêtes, au rôle central du parlement, au respect de l’opposition. Elle se contente de mettre un peu de vernis supposé moderne sur un fonctionnement à mi-chemin entre la bande et le clan. Comment, du reste, peut-on prétendre combattre l’obscurantisme quand on est né avec le quatrième mandat ?

Son attitude est contre-productive, y compris pour les idées qu’elle est supposée défendre. Elle donne du grain à moudre à ses « adversaires » idéologiques, avec qui elle partage pourtant les mêmes archaïsmes. Qui va prendre au sérieux une femme « moderne » après tous ces reniements ?

De manière plus large, l’Algérie a un sérieux problème avec le concept de modernité. Pour beaucoup, ce concept est lié à l’apparence. Le hidjab est devenu le symbole, la ligne de démarcation. On a découvert cela avec KhalidaToumi et Nouria Benghabrit, mais aussi avec ces hauts responsables qui ont fait les meilleures écoles, le plus grandes universités occidentales, avant de revenir en Algérie pour se réinsérer à la tribu, aux réseaux, à ce qui peut être assimilé à un modèle de type mafieux, au détriment de la république et de la loi. Comme si la science, les méthodes de gestion et d’organisation modernes les avaient effleurés, sans les changer.

La modernité, ce sont les actes et non les paroles, dans un pays où parler ne veut plus rien dire. La modernité, c’est un comportement conforme aux règles légales et éthiques de la république. C’est le respect de la règle du droit, y compris, et surtout, quand elle est défavorable. Le reste, c’est de l’opportunisme.

Facebook
Twitter