Le groupe gazier russe Gazprom a battu samedi un nouveau record en exportant 636,4 millions de m3 de gaz hors espace post-soviétique, a annoncé le géant gazier.
« Cette semaine est celle des records pour Gazprom. Notre groupe bat des records d’exportation de gaz vers l’espace hors ex-URSS pour la quatrième journée consécutive. Le nouveau volume record enregistré le 27 janvier se chiffre à 636,4 millions de mètres cubes », un communiqué de la compagnie cité par des médias russes.
Selon le groupe, trois pays européens n’ont cessé d’augmenter leurs achats de gaz russe entre le 1er et le 27 janvier dernier. La Hongrie a affiché une hausse d’importation de gaz russe de 11,2 % par rapport à la même période de 2016, la Serbie de 5,1 % et la Bulgarie de 15,9 %.
La compagnie russe avait déjà annoncé avoir battu son propre record le 10 janvier 2017, en livrant quelque 167,4 millions de mètres cubes de gaz via le gazoduc Nord Stream 1, dans une conjoncture marquée par un grand froid et une hausse de la demande, et ce dans l’attente de la construction du gazoduc Nord Stream 2.
« Le 10 janvier, Gazprom a dépassé de 11,1 % le volume maximal quotidien d’exportations via le gazoduc Nord Stream par rapport aux indices de la même période en 2016 », affirme un communique de cette société étatique.
Il s’agit du troisième record consécutif en 2017, le dernier chiffre ayant battu de 2 millions de mètres cubes l’indice du 9 janvier.
« Le gazoduc Nord Stream dispose d’une marge de sécurité supplémentaire pour les livraisons de gaz aux Européens en automne et en hiver. Et il le fait dans des conditions de grand froid et de hausse de la demande », a expliqué le PDG de Gazprom Alexeï Miller, cité dans le communiqué.
D’une capacité de 55 milliards de m³, le gazoduc Nord Stream est utilisé pour acheminer du gaz russe vers l’Europe via la mer Baltique. Son tronçon sous-marin long de 1 220 km relie la ville russe de Vyborg à la ville allemande de Greifswald. La société Nord Stream AG, chargée de réaliser le projet, est détenue par le russe Gazprom (51 %), les allemands Wintershall Holding et E.ON (15,5 % chacun), le français GDF Suez et le néerlandais Gasunie (9 % chacun).
Les tentatives du PE de réduire la dépendance vis-à-vis de la Russie pour le moment vaines
Au cours des onze premiers mois de 2016, les livraisons de gaz russe vers les pays hors espace post-soviétique, ont dépassé les exportations pour l’ensemble de l’année 2015 de 2,2 milliards de m3 pour atteindre 161,6 milliards de m3.
Les médias russes relèvent que « les débats houleux au sein du Parlement européen (PE) sur la nécessité de diminuer la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie n’ont pas empêché Gazprom de poursuivre sa conquête du marché européen ». En 2016, Gazprom est parvenu à maintenir, voire accroître ses exportations de gaz, dépassant les producteurs de gaz naturel liquéfié (GNL).
De nombreux pays, à l’exception de la Lituanie, continuent de coopérer avec Gazprom. Sur le marché lituanien, les livraisons du gazier russe ont reculé de 33%, tandis que celles de GNL ont été multipliées par 3,3. Par contre, aux Pays-Bas, les importations de GNL ont baissé de 57% et les fournitures de Gazprom ont progressé de 103,8%, selon les mêmes sources.
La même tendance en faveur du gaz russe se profile en Grèce. La France a, quant à elle, augmenté ses importations depuis la Russie de 35%.
Le gaz russe en Europe 20% moins cher que ses concurrents
En dépit de l’existence d’autres sources d’approvisionnement en gaz en Afrique du Nord (notamment Algérie et Libye) et les mesures que les Occidentaux s’efforcent de prendre pour imposer des sanctions à la Russie, Gazprom fait mieux que tenir bon sur le marché gazier européen. En outre, le GNL (gaz naturel liquéfié) en provenance des Etats-Unis censé supplanter le gaz russe en Europe, s’est avéré non compétitif en raison de la situation prévalant sur le marché des hydrocarbures, relèvent encore les médias russes.
Des experts trouvent que le prix bas du gaz russe est une des raisons expliquant le succès de Gazprom dans l’Union européenne (UE). La baisse du taux de change de la monnaie nationale permet au groupe de réaliser des bénéfices non négligeables en roubles et, par conséquent, de se permettre le luxe de diminuer le prix.
Selon le groupe américain Bloomberg, spécialisé dans l’information économique et financière, le gaz russe en Europe coûte 20% moins cher que le gaz de ses concurrents.