Des décideurs politiques, des bailleurs de fonds, des collectivités locales à l’instar du wali d’Alger Abdelkader Zoukh, des experts et des acteurs de la société civile tous issus du pourtour méditerranéen, se sont donnés rendez-vous du 5 au 8 novembre à la Villa Méditerranée à Marseille, pour débattre dans le cadre de la 8e Semaine économique de la Méditerranée (SEM), de la thématique du tourisme en Méditerranée comme vecteur de développement intégré et durable.
Co-organisé par le Centre pour l’intégration en Méditerranée (CIM) et la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), cette manifestation a été l’occasion pour les participants de donner leurs avis sur la façon de faire de cet espace un vecteur de développement intégré et durable, de valorisation des patrimoines et d’échanges culturels. Les participants se sont tous accordés sur le constat selon lequel le tourisme constitue une source vitale de croissance économique des pays de la région méditerranéenne et un facteur important de la création d’emplois. Un secteur duquel l’Algérie n’arrive toujours pas à tirer de profit malgré son énorme potentiel. A l’opposé, la ville de Marseille donne l’exemple d’une ville épanouie qui a su profiter de ses potentialités en faisant du tourisme un levier de sa croissance. L’adjoint au Maire de Marseille et délégué au développement des entreprises marseillaises à l’exportation, Didier Parakian, a dressé un tableau flatteur de ce que sa ville a su générer à partir de sa position géographique dans la région. « Le tourisme à Marseille c’est 18 000 emplois, 11 millions de visiteurs venus à Marseille en 2013, c’est plus de 400 congrès et conventions d’affaires, 1,2 million de croisiéristes en 2013, le tourisme est devenu au fil du temps un levier de développement économique à part entière pour la ville de Marseille avec 1 milliard d’euros de retombées économiques. Mais aussi un vecteur de paix et d’échanges entre tous les peuples de la méditerranée », s’est-il félicité. Selon M. Parakian, le tourisme est devenu un véritable accélérateur de croissance économique de la ville phocéenne.
Le tourisme a créé 4,5 millions d’emplois en Méditerranée
Selon les experts venus à Marseille, le secteur du tourisme connait une croissance importante dans la rive sud. A titre d’exemple, en 2011 ce secteur a généré 107,3 milliards de dollars et représente 4,5 millions d’emplois. Les récentes analyses de l’Organisation mondiale du tourisme confirment que l’Afrique du Nord (+6%) a eu une année 2014 de forte croissance. Le Maroc (+7%) est la première destination africaine à avoir dépassé le cap des 10 millions d’arrivées internationales. Quant à la Tunisie (+5%), elle a poursuivi son redressement malgré un contexte politique difficile, ce qui augure selon les experts d’un secteur florissant dans les prochaines années. Dans le lot de ces statistiques l’Algérie est paradoxalement absente malgré le fait qu’elle n’a pas connu de « Printemps arabe » et reste auréolée d’une assise financière qui aurait pu faire d’elle une des premières destinations touristiques au Maghreb.
La Méditerranée, un lieu d’échange et de solidarité entre les peuples
Les différents participants se sont évertués à démontrer que la Méditerranée, si elle est une zone de turbulence, avec ses drames et ses peines, peut aussi être un lieu d’échange et de solidarité entre les peuples qui y cohabitent. C’est d’ailleurs la thèse développée par le président de la région PACA (Provence Alpes-côte d’Azur), Michel Vauzelle. « Nous ne sommes pas dans une région qui illustre la fureur, la barbarie et le terrorisme, nous sommes, en Méditerranée, à l’épicentre d’une région qui a une communauté de destins », dit-il. Et d’ajouter : « Il est question de savoir si nous allons construire avec beaucoup de difficultés l’Europe sans nous préoccuper de construire également une autre communauté de fait et pas seulement de droit, qu’est la Méditerranée. On voit bien que tous les pays de la Méditerranée sont concernés par la violence qui y règne, notamment ce désespoir qui conduit des jeunes par centaines à risquer leur vie en traversant la méditerranée et en mourant dans cette traversée. C’est simplement insupportable d’un point de vue moral et pour des démocraties qui portent haut leur fierté de démocratie en Europe. Il n’est pas convenable de voir cette jeunesse désespérée (les immigrants clandestins, Ndlr) qui essaie d’aller vers le Nord où, d’ailleurs, elle ne rencontre souvent que hostilité, racisme et xénophobie ». Pour Michel Vauzelle, il n’est juste pas possible de construire l’Europe en tournant le dos à la Méditerranée et « en plaçant des bateaux de guerre aux Dardanelles et à Gibraltar ».