L’existence de lieux de change parallèles, où toute l’économie du pays semble trouver son compte, arrange visiblement tout le monde: les cambistes, les opérateurs économiques et les autorités. Pourtant, le projet de réglementer cette industrie financière est aussi vieux que projet de réforme du système bancaire algérien.
Evoquée de façon récurrente lors des débats économiques, la question des bureaux de change de la devise est presque devenue une espèce de « complexe public ». À chaque réforme de Loi monétaire et bancaire ou lors des débats sur les Lois de finances successives, elle s’invite dans le débat national, mais sans que son traitement dépasse le stade de promesse électorale. Malgré les dégâts causés à l’ensemble de l’économie nationale, l’activité de change parallèle de la devise n’est toujours pas encadrée de façon réglementaire.
Dans une déclaration devant les députés de l’APN, ce mardi 4 avril, le ministre des Finances, Laziz Faid a assuré que « la Banque d’Algérie (BA) est entrain d’élaborer les textes d’application relatifs à la création et au fonctionnement des bureaux de change ». « Ils seront prêts dès l’entrée en vigueur de la loi monétaire et bancaire », dit-il.
« Ces textes permettront d’ouvrir des bureaux de change dans divers points stratégiques, comme les aéroports, les ports, les zones touristiques, ainsi que dans les différentes villes », ajoute-t-il en précisant que la marge bénéficiaire, telle qu’appliquée par les banques actuellement, sera révisée ».
Peut-on dire que la réforme cette fois ci est la bonne? Trop tôt pour le dire au regard des enjeux entourant le marché de la devise où plusieurs segments interférent.
Le marché parallèle de la devise est l’un des principaux vecteurs du commerce informel en Algérie, dont il représente la moitié, mais aussi d’une grande partie de l’économie formelle. À titre d’exemple, pour importer des véhicules de moins de 3 ans, autorisés au titre de la Loi de finance 2023, les algériens seront contraints de se tourner vers les places du change parallèle, comme le « square », pour trouver la devise nécessaire à l’achat de leur véhicule à l’étranger. Cet argent doit passer évidement par les banques pour pouvoir les transférer à l’étranger. Imposée en l’absence de formes officielles pour obtenir de la devise, cette démarche est décrite par les économistes comme « un comptoir de blanchiment de l’argent de l’informel ».
Dans l’attente d’une réelle concrétisation du projet, qui aidera énormément les opérateurs économiques, le sujet de la façon dont les autorités comptent se débarrasser des squares et autres lieux de changes parallèles n’est toujours pas encore évoqué.