Selon le dernier rapport de la Banque mondiale (BM) sur le développement numérique dans la zone Moyen Orient et Afrique du Nord (MENA), l’utilisation des moyens de paiement numérique reste paradoxale et déplorable, en comparaison aux taux élevés d’utilisation d’Internet et l’adoption des réseaux sociaux dans la région.
La BM souligne dans son rapport qu’environ 66 % des habitants de la région MENA utilisent Internet, contre seulement 61 % en Amérique latine et Caraïbes, et 54 % en Asie de l’Est et Pacifique. En revanche, le taux d’utilisation des paiements numériques dans les pays en développement de la région MENA -c’est-à-dire sans tenir compte des États membres du Conseil de coopération du Golfe- se situe à 32 %, alors qu’il atteint 43 % en Amérique latine et Caraïbes.
Selon le rapport, la numérisation complète de l’économie pourrait entraîner une augmentation du PIB par habitant d’au moins 46 % sur 30 ans, ce qui représenterait à long terme un gain estimé à au moins 1 600 milliards de dollars pour la région. Dès la première année, estime le rapport, le gain de PIB par habitant s’élèverait à près de 300 milliards de dollars. Les gains de croissance seraient plus marqués dans les pays à faible revenu, où ils atteindraient au moins 71 %, sachant qu’ils découlent de la réduction de la fracture numérique et que celle-ci est moins prononcée dans les pays à revenu élevé.
La société ne fait pas confiance à la technologie
Alors que le rapport démontre que le paiement mobile ou numérique pourra réduire les coûts d’information qui entravent les transactions économiques, cela attire moins les gouvernements, surtout, en Afrique du nord, pour le généraliser.
Le même rapport estime que « cette réticence envers le recours aux technologies numériques pour les transactions financières est probablement imputable au manque de confiance de la société à l’égard de l’administration publique et des sociétés commerciales ».
Elle s’explique aussi par des réglementations qui compliquent la transformation numérique. Sur ce plan, le rapport préconise notamment d’ouvrir davantage le marché des télécommunications à la concurrence, ce qui pourrait contribuer à accroître l’offre et l’utilisation de l’argent mobile et des paiements numériques et, de surcroît, à améliorer l’inclusion financière en élargissant l’accès aux comptes courants.