Après les Panama Papers il y a de cela un an et demi, le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) revient avec de nouvelles révélations sur les paradis fiscaux et le business offshore, les « Paradise Papers ».
L’enquête menée pendant un an par des journalistes de 95 médias associés à l’ICIJ sur plus de 13 millions de documents, issus de deux cabinets d’avocats Appleby et Asiaciti Trust ainsi que des registres des sociétés de dix-neuf paradis fiscaux, éclabousse des personnalités très influentes à travers le monde.
En Algérie, dans l’enquête menée par Le Soir d’Algérie, media partenaire de l’ICIJ, plusieurs personnalités sont citées. Parmi elle, figure Yacef Saadi qui est déjà apparu dans le listing de la filiale suisse de HSBC, révélé par ICIJ en 2015, rappelle le journaliste Lyas Hallas qui a mené l’enquête.
« Les documents nous apprennent que le chef de l’organisation militaire du FLN à Alger de septembre 1955 à septembre 1957, loge une partie de sa fortune aux îles Caïman où il détient un «trust» administré par Appleby dans lequel il est associé avec sa fille Zaphira, une artiste plasticienne résidente aux Etats-Unis », rapporte le journal. Selon la même source, Yacef Saadi dispose d’un compte qui, en 2006-2007, était pourvu de 400 000 dollars américains.
Le nom de Bedjaoui revient encore dans ces nouvelles révélations. Réda Bedjoui, neveu de l’ancien ministre des Affaires étrangères Mohamed Bedjaoui néanmoins frère de Farid, l’intermédiaire dans l’affaire de pots de vin Sonatrach-Saipem, « utilise une coquille singapourienne administrée par Asiaciti, Redbed Holdings Pte. Ltd, pour la gestion d’un compte suisse domicilié dans une agence genevoise de la banque Mirabaux&Cie ». « Réda Bedjaoui, qui a tenté une carrière d’avocat avant de créer avec son frère Farid Bédex Agrofood Interational et Mexicafé, deux sociétés spécialisées dans le négoce des produits agroalimentaires lesquelles ont été dissoutes il y a près de sept ans, se présente désormais comme analyste financier. Or, c’est à travers Ryan Asset Management FZ, domiciliée à Dubaï, fondée par son frère Farid et qui a bénéficié d’un dépôt de Sonatrach, qu’il s’est lancé dans des activités d’ingénierie financière », souligne le journal qui rappelle les biens immobiliers qu’il détient au Québec, estimés à plusieurs millions d’euros.
Nouveaux noms
De nouveaux noms apparaissent dans kes documents fuités. Le Soir d’Algérie nous apprend que l’ancien ministre algérien de l’Energie Nordine Aït Laoussine (1991-1992) et actuel président de la société de consulting suisse Nacolsa SA, a été actionnaire dans la compagnie Madagascar Oil Limited via les îles Maurice où il détenait 2405 actions, soit 0,2% du capital de la compagnie, aux côtés de trois fonds d’investissement nord-américains, à savoir Rab Special Situations Master Fund (73,8%) Millennium Global Natural Ressources Fund (18,7%), et Airlie Opportunity Master Fund (4,5%).
Aït Laoussine a précisé au journaliste qu’«il avait acquis ces actions gratuitement quand il était membre du conseil d’administration de cette compagnie». «Ces actions faisaient partie de ma rémunération. Mais, je les ai vendues à un prix dérisoire, 180 dollars pour être précis, juste après ma démission il y a quatre ou cinq ans», a-t-il ajouté. Le président de Nacolsa SA, qui «met au point des formules de coopération entre parties intéressées par les questions touchant à l’exploration, la production et à l’approvisionnement du pétrole et du gaz», est également membre du conseil d’orientation de la compagnie émiratie Dana Gas PJSC.
Aït Laoussine est l’un des consultants énergétiques algériens les plus connus à l’international mais, il n’a conseillé que rarement les compagnies pétrolières opérant en Algérie, souligne le journaliste qui affirme que . Aït Laoussine a été « la courroie de transmission entre Technip, devenue TechnipFMC au début 2017 après avoir fusionné avec l’américain FMC et le gouvernement algérien dans la perspective de résoudre le conflit qui a opposé la compagnie française à Sonatrach en 1992 en raison des retards accusés dans la construction des usines de Asmidal, filiale de Sonatrach spécialisée dans les engrais et les produits phytosanitaires. Cette dernière a d’ailleurs opté pour un arbitrage international qu’elle a finalement perdu. «J’étais conseiller spécial du chef du gouvernement Bélaïd Abdeslam et c’est lui qui m’avait chargé de trouver un arrangement avec Technip», a encore précisé Aït Laoussine.
Le journal révèle par ailleurs que Appleby gère une compagnie domiciliée aux îles Caïman, «Little Cayman East 91A 177» pour le compte de Yassine Rebrab, fils du patron du groupe Cevital, sans autres précisions.