« L’industrie du mobile dans les pays arabes s’est développée rapidement ces dernières années, avec 54% de la population souscrite à un service mobile, à la mi-2015 », selon le dernier rapport de l’association mondiale des opérateurs mobiles, GSMA. Si cette croissance est appelée à ralentir, elle connaît une migration vers le très haut débit. Explications.
A la mi-2015, le nombre de souscripteurs à un service mobile (2G, 3G et 4G) dans les pays arabes était de 200 millions. Ce qui correspond à environ 54% de la population. Toutefois, ce marché à « développement rapide », déjà à forte pénétration, tend à « ralentir », selon le dernier rapport de l’Association mondiale des opérateurs mobiles (GSMA). Ce ralentissement est attribué à la situation sécuritaire et politiquement instable dans certains pays de la région. Mais, cette région connaît une l’accélération de la migration de la technologie vers le très haut débit (4G LTE) et un usage de plus en plus important des smartphones. Le nombre de connexions à un service mobile de large bande a augmenté d’un peu moins de 20 millions en 2009 à 182 millions d’ici la fin de 2015. En 2020, les connexions mobiles haut débit concerneront un peu moins 350 millions et représenteront près de 70% du total des abonnements mobiles, ajoute le rapport de GSMA.
Selon le document, il existe actuellement 23 réseaux 4G dans dix pays de la région. Et des prévisions pour huit autres « en Algérie, en Egypte, en Irak, en Jordanie et en Libye, au cours des prochaines années ». Les investissements dans la 4G LTE Advanced et VoLTE sont en constante augmentation, dans les pays du Golfe, et représentent près de 22% des revenus des opérateurs, contre moins de 16% au début de 2013. Le développement du très haut débit va s’accompagner par une « forte croissance » dans l’adoption des Smartphones au cours des prochaines années, « entraînée par des dispositifs plus abordables et une demande soutenue pour des applications et des services plus avancés », notre GSMA. En 2020, les technologies 3G et 4G représenteront les deux tiers des souscriptions mobiles dans les pays arabes. Selon le rapport, la part de la 2G (GSM) sera de 31% des abonnements (89% en 2010), contre 58% pour la 3G (11% en 2010), et 11% pour la 4G (lancée la première fois dans certains pays de la région en 2013).
Forte adoption du smartphone
Le ralentissement de la croissance des abonnements a déjà commencé à avoir des effets sur la baisse des revenus de 2,4% en 2014 par rapport à ceux de 2013. Mais les prévisions tablent sur une légère reprise à partir de la fin de 2015, tirée par la croissance du trafic de données mobiles, note le rapport, qui annonce des taux de croissance « modeste » des revenus de l’ordre de 1,9% d’ici 2020.
Le ralentissement du nombre de souscriptions n’empêche pas la croissance du nombre de dispositifs mobiles (smartphones) dans la région qui « devrait être plus rapide » que la moyenne mondiale. « En 2020 il y aura 327 millions de connexions via smartphones à travers le monde arabe, ce qui représente environ les deux tiers du total des connexions. Cette croissance représente un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 19% pour la période 2014-2020, soit quelque quatre points de pourcentage en dessus de la moyenne mondiale. Selon les statistiques livrées dans le document, l’adoption des smartphones dans le Maghreb, au 2e semestre de 2015, est la suivante (en pourcentage des terminaux mobiles connectés) : Algérie (22%), Libye (23%), Maroc (25%), et Tunisie (27+). Les plus forts taux sont enregistrés au Koweït (70%), Qatar et Emirats Arabes Unis (83%).
4% du PIB et 1,3 millions d’emplois
Par ailleurs, GSMA note qu’en 2014, les technologies et services mobiles ont généré « 4% du PIB dans les pays arabes », soit « une contribution qui s’élève à environ 115 milliards $ au total dans les 18 pays ». D’ici 2020, l’Association mondiale des opérateurs mobiles s’attend à un « rythme de croissance légèrement plus rapide que les économies de la région en général, ce qui représentera 4,5% du PIB dans un délai de cinq ans ». « Cette analyse n’inclus pas un certain nombre d’impacts socio-économiques, tels que l’amélioration de l’accès aux services d’éducation et de santé provoquée par les applications mobiles », ajoute le rapport.
L’écosystème mobile est à l’origine de « 1,3 millions emplois, directs et indirects, dans la région en 2014 ». La même année, le secteur a contribué pour environ « 13 milliards $ » sous la forme de fiscalité générale. Ce qui sonne comme une revendication, GSMA recommande que « nombreux gouvernements arabes doivent revoir leur politique de fiscalité » en raison du fait, dit le rapport, que « les taxes spécifiques au secteur du mobile freinent la croissance économique ».
« Les décideurs doivent également veiller à ce que leurs cadres réglementaires existants facilitent le développement du nouvelles applications mobiles pour l’éducation, la santé, les services financiers et d’autres aspects de la vie quotidienne. Les régulateurs doivent faire attention de ne pas déformer le marché en favorisant une technologie ou un modèle d’exploitation plutôt qu’un autre. Alors que le monde se déplace plus profondément dans l’ère numérique, les politiques gouvernementales devraient être conçues pour encourager l’investissement dans l’infrastructure à large bande », affirme l’Association.
Les messages IP supplantent les SMS
Le lancement de la 3G et de la 4G dans les pays arabes a permis de modifier les habitudes d’usages de la téléphonie chez les jeunes. Le rapport de GSMA constate, par exemple, que les SMS ont tendance à être moins utilisés que les messages IP (via Internet). Selon un sondage effectué auprès d’utilisateurs âgés de 18 à 24 ans, en Algérie, au Maroc, en Egypte, et en Arabie Saoudite, il en ressort qu’une majorité utilise plus les messages IP (via Skype, Viber, WhatsApp…) que les traditionnels SMS. En Algérie, où la 3G va boucler deux années seulement, 54% des répondants affirment utiliser plus l’IP Messaging que le SMS, et 14% affirment l’inverse. Au Maroc, qui a déjà lancé la 4G, 59% affirment utiliser plus l’IP Messaging que le SMS, et 13% l’inverse.
Citant Portio Research, le rapport note que « les volumes de SMS ont diminué de 2% dans la région Moyen-Orient et en Afrique en 2014 ». Pour Vodafone Egypte, la baisse du volume SMS est de 26%, en 2014 par rapport à 2012. « Dans le même temps, les opérateurs mobiles de la région voient une croissance significative de leurs revenus de données ».