Les cours du pétrole rechutent lourdement lundi après de nouvelles déclarations iraniennes qui ont refroidi les espoirs que les grands producteurs parviennent dans un avenir proche à s’entendre sur un gel de la production à ses niveaux de janvier.
Le baril de Brent mer du Nord est repassé sous le seuil des 40 dollars et perd 2,9% à 39,23 dollars vers 16h00 GMT, après avoir nettement rebondi ces dernières semaines dans l’espoir d’une réduction de l’offre excédentaire mondiale. Le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) passe de son côté sous la barre des 37 dollars, en baisse de 4,23% à 36,87 dollars le baril.
« Le pétrole baisse parce que les Iraniens ont dit qu’ils ne participeraient au gel de la production qu’une fois atteints les quatre millions de barils (équivalent pétrole) par jour », souligne Tamas Varga, analyste pétrolier chez PVM Oil Associates, en référence aux propos tenus ce week-end par le ministre iranien du Pétrole, Bijan Zanganeh.
Trois sources au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) ont indiqué lundi à Reuters que la prochaine réunion entre pays producteurs sur un projet de gel de la production aurait sans doute lieu mi-avril à Doha. Le projet initial prévoyait une réunion le 20 mars en Russie mais des sources proches du dossier avaient déclaré la semaine dernière qu’il était improbable qu’elle ait lieu.
A l’issue d’une réunion lundi à Téhéran avec son homologue iranien, le ministre russe du pétrole, Alexander Novak, a confirmé que l’Iran insistait toujours sur sa volonté d’un rattrapage de sa production avant d’envisager un gel. Le pays pourrait à ce titre être exclu d’un accord sur le gel de la production, a dit le ministre. « Nous partageons (l’opinion que) l’Iran est dans une situation particulière. Les sanctions qui ont été introduites ont frappé concrètement sa production », a dit Novak.
L’OPEP prévoit une baisse de la demande en 2016
Il a affirmé que la réunion entre grands producteurs Opep et non Opep devrait bien avoir lieu en avril, peut-être à Doha. Le ministre koweïtien du pétrole Anas al-Saleh a dit pour sa part n’avoir pas encore reçu d’invitation pour aucune réunion, et a ajouté qu’il concevait difficilement un gel de la production appliqué par certains pays et non par d’autres.
L’Arabie saoudite, pilier de l’Opep, et la Russie, producteur majeur extérieur à l’organisation, ont annoncé le mois dernier un accord pour geler leur production à son niveau de janvier dans le but de soutenir les prix, à condition que d’autres pays fassent de même. Cet accord a été salué par plusieurs pays du Golfe appartenant à l’Opep, comme le Koweït et les Emirats arabes unis, mais l’Iran, troisième producteur du cartel, s’en tient à sa volonté d’augmenter sa production et rejette l’idée d’un gel.
Le pays produit autour de 3,1 millions de barils par jour. Les sanctions occidentales avaient fait passer les exportations de 2,5 millions de barils par jour avant 2011 à un peu plus d’un million de barils par jour ces dernières années.
L’Opep a annoncé lundi anticiper une demande de brut inférieure aux attentes en 2016. L’organisation anticipe une demande pour le brut des pays membres du cartel autour de 31,52 millions de barils par jour cette année, en baisse de 90.000 barils par jour par rapport au mois précédent. En février, 32,28 millions de barils par jour ont été extraits, poursuit-elle en citant d’autres sources, en baisse de 175.000 barils par jour depuis janvier. Ces chiffres indiquent que la production des concurrents de l’Opep s’avère plus résistante que prévue à sa stratégie de maintien de ses niveaux de production, et les excédents s’accumulent sur les marchés.