L’Opep et ses partenaires observent le marché, même si certains d’entre eux ont clairement plaidé pour la prolongation de l’accord de réduction de 1,8 millions de barils par jour.
Dans quelques semaines, l’Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep) et ses onze partenaires prendront une décision extrêmement difficile, celle de reconduire ou pas l’accord de baisse de production de pétrole en vigueur depuis janvier dernier et qui devra atteindre sa date limite au mois de juin prochain. Poursuivre cette réduction au-delà du délai fixé pourrait, effectivement, faire augmenter les prix mais également encourager la production de pétrole de schiste américain dont le coût d’extraction relativement élevé pourrait être ainsi amorti. La surabondance du pétrole, conventionnel ou non conventionnel, aura pour effet de faire baisser à nouveau les prix et mettra par ricochet les producteurs dans une situation inconfortable.
Les membres de l’Opep et leurs partenaires se trouvent ainsi face à un dilemme qui explique, d’ailleurs, la décision prise à l’issue de leur rencontre de fin mars dernier. Les participants avaient décidé de confier à un comité technique la mission d’observer le marché plus attentivement afin de décider si la décision de prolonger l’accord de réduction de la production s’imposait. Le verdict de ladite commission devrait être rendu durant ce mois d’avril et c’est, au plus tard, à la fin du mois de mai que la décision officielle sera prise par l’Opep et ses partenaires. Des délais très courts. L’observation du marché, dans telles occurrences, peut se traduire principalement par un suivi méticuleux de la production américaine de pétrole de schiste qui devrait augmenter d’au moins 300.000 barils par jour, cette année, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Cette augmentation pourrait atteindre le million de barils par jour entre les années 2018 et 2019, à en croire la banque Goldman Sachs spécialisée dans les marchés des matières premières.
Le « problème » US
Les Etats-Unis posent également « problème » avec leur production de pétrole conventionnel en constante augmentation. L’AIE prévoit une production pétrolière plus élevée que prévue par un certain nombre de pays non membres de l’Opep, mais principalement par les Etats-Unis en raison d’une « forte reprise de l’activité de forage ». Les membres de l’Opep qui se sont tournés vers des pays non membres de l’organisation savent désormais qu’ils ne peuvent plus avoir la même influence qu’ils avaient sur le marché pétrolier il y a quelques décennies. Ils ont aussi désormais la douloureuse certitude que les prix du pétrole ne pourront plus atteindre les 100 dollars ou mêmes les frôler au risque d’encourager définitivement le schiste à envahir le marché.
En attendant, l’Opep et ses partenaires observent le marché, même si certains d’entre eux ont clairement plaidé pour la prolongation de l’accord de réduction de 1,8 millions de barils par jour. Le schiste américain qui inquiète les acteurs du marché est venu rappeler à ceux qui l’auraient oublié que l’industrie du pétrole est d’abord une industrie où la technologie occupe une grande part.