L’Algérie connaît une situation paradoxale dans le domaine de l’entrepreneuriat. Malgré des efforts considérables en matière de soutien financier aux petites et moyennes entreprises (PME), le pays peine à voir émerger un tissu économique robuste et pérenne.
La Caisse de Garantie des Crédits d’Investissements-PME (CGCI-PME) illustre parfaitement cette dynamique. Depuis sa création en 2006 jusqu’à fin 2023, cet organisme a octroyé des garanties cumulées pour plus de 4700 projets d’investissement, représentant un montant impressionnant de 201 milliards de dinars. L’année 2023 a été particulièrement fructueuse avec 28 milliards de dinars de garanties accordées, soit une augmentation de 30% par rapport à 2022.
Cependant, ces chiffres encourageants masquent une réalité plus complexe. La démographie des entreprises algériennes est marquée par une forte mortalité. En 2022, le pays a enregistré la radiation de 19 179 PME privées, dont 4799 personnes morales et 14 380 personnes physiques. Cette tendance affecte tous les secteurs, avec une prédominance dans les services, le commerce, et le BTP.
Les raisons d’une mortalité élevée
Les causes de cette mortalité élevée sont multiples. Le manque de maturation des projets et le déficit de compétitivité sont souvent cités comme facteurs explicatifs. Par ailleurs, les activités artisanales et agricoles semblent particulièrement vulnérables, représentant respectivement 56,85% et 33,67% des radiations des PME de type personne physique en 2022.
Cette situation soulève des questions cruciales sur l’efficacité des dispositifs de soutien existants. Si les garanties financières sont essentielles, elles ne suffisent manifestement pas à assurer la pérennité des entreprises. Il apparaît nécessaire de renforcer l’accompagnement des entrepreneurs, notamment en termes de formation, de conseil en gestion, et d’aide à l’innovation.
De plus, l’environnement des affaires en Algérie mériterait une attention particulière. Des réformes visant à simplifier les procédures administratives, à améliorer l’accès au marché et à favoriser la concurrence loyale pourraient contribuer significativement à la survie et à la croissance des PME.