Les cotations de la monnaie nationale de ces dernières semaines sont révélatrices d’un changement de cap en matière de politique du taux de change de la Banque d’Algérie. Après avoir connu une longue période de dévaluation, le dinar s’est apprécié en termes nominal et réel suite à l’appréciation du dollar face à l’euro de ces dernières semaines. En effet, les cotations du dinar contre un panier des principales devises, selon le modèle fixé par la banque centrale, lèvent le voile sur une appréciation de la monnaie nationale face aux deux principales devises, l’euro et le dollar en l’occurrence. Sur le marché interbancaire, la valeur du dollar est fixée à 141,35 dinars à l’achat et à 141,36 dinars à la vente. Le billet vert a ainsi nettement perdu du terrain après avoir culminé à près de 150 dinars. Dans ses cotations face à la monnaie unique, la courbe n’a pas été moins favorable au dinar, puisque la valeur de l’euro a connu une chute libre sur le marché officiel, décrochant de 165 à 166 dinars/euro à 143,55 dinars à l’achat et 143,63 à la vente cette semaine. Il est vrai que ces cotations reflètent en partie le mouvement des changes sur les bourses mondiales de ces dernières semaine, marqué par un décrochage net de l’euro face au dollar, conséquemment à la crise énergétique que subit le Vieux Continent, mais l’appréciation du dinar face au dollar et, de facto, face à l’euro, laisse apparaitre un changement de vision en matière de politique de change de la banque centrale.
Lutter contre l’inflation
Dit autrement, la Banque d’Algérie a probablement surévalué le dinar pour lutter contre la forte inflation de ces derniers mois, laquelle a été exacerbée par la combinaison de plusieurs facteurs, dont la hausse des cours des produits de base sur les marchés mondiaux, l’augmentation de la dépense publique, la croissance de la masse monétaire ainsi que par la dévaluation ininterrompue du dinar de ces dernières années. Cette surévaluation du dinar par rapport aux deux principales devises intervient également dans un contexte marqué par l’amélioration de l’état des fondamentaux de l’économie. Le prix du pétrole continue à se maintenir à près de 100 dollars le baril, entrainant une hausse des recettes et de la dépense publique. L’amélioration des fondamentaux et la forte hausse de l’inflation pourraient expliquer le changement de cap constaté sur la politique de taux de change de la Banque d’Algérie. C’est un changement qui rompt d’ailleurs avec le cadrage macroéconomique et financier prévu par la loi de finance et qui plaide en faveur de la poursuite de la dévaluation du dinar par rapport au dollar. L’arbitrage qui était fait par la banque centrale serait en faveur d’une maitrise de l’inflation, aidée dans ses mesures par un contexte favorable, marqué par une amélioration des fondamentaux et des comptes extérieurs.
Ali. T.