Les dernières déclarations d’un responsable de GRTgaz (filiale de la société française Engie) faisant état d’une rupture dans l’approvisionnement en gaz du sud ouest de la France à partir de l’Algérie relèvent de la « spéculation », a affirmé jeudi à Alger le P-dg de Sonatrach, Amine Mazouzi.
« Nous n’avons entendu ni Sonatrach ni Engie parler de manque d’engagement, ce sont des tiers, des spéculations (…). Il y a eu une vague de froid (en Europe) qui n’était pas prévue et qui a été accompagnée d’une très forte demande (en gaz). Tout le monde est alors allé chercher du gaz, et l’Algérie a été un fournisseur très fiable et a concouru à exporter une partie de cette demande européenne », a-t-il soutenu.
« C’est une polémique qui a été créée de toutes pièces et qui ne concerne ni Sonatrach ni Engie », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse tenue en marge de la signature de deux contrats d’études avec des sociétés italienne et indienne.
« L’Algérie est un fournisseur fiable en gaz (…). Nous avons honoré tous nos engagements et répondu à toutes les demandes convenues entre les deux parties notamment durant le mois de janvier et même pendant l’arrêt technique de l’unité de liquéfaction Skikda », a-t-il précisé, en relevant que cette unité a redémarré ce jeudi.
Cet arrêt routinier pour raison de maintenance « devait durer jusqu’au mois de février, mais je vous annonce que l’unité (GNL K) de Skikda vient de démarrer aujourd’hui », a-t-il ajouté.
Ainsi, Sonatrach continuera ses approvisionnements avec « davantage de cargaisons vers Engie », avance-t-il.
Mais l’arrêt technique de l’unité de Skikda n’a été à l’origine d’aucune perturbation d’approvisionnement de la France, a tenu à souligner M. Mazouzi.
Concernant les prix de vente, « ils ne concernent que Engi et Sonatrach », a-t-il répondu à un journaliste.
« Lorsqu’il y a une relation commerciale entre deux sociétés, les prix sont évidemment discutés et révisés annuellement », a-t-il souligné.
Pour rappel, un responsable de GRTgaz, cité par des médias français, a fait état d’une rupture dans l’approvisionnement en gaz du sud ouest de la France à partir de l’Algérie.
A ce propos, une source de Sonatrach avait indiqué récemment à l’APS que les quantités contractuelles destinées à cette région française avaient été « totalement épuisées » par l’opérateur Engie (ex. GDF Suez), et ce, en raison de la hausse de la consommation suite notamment à la persistance des mauvaises conditions climatiques en France.
Ainsi, la partie française a sollicité Sonatrach pour l’approvisionner en quantités supplémentaires de gaz, mais Sonatrach « est dans son droit de décliner cette demande en raison de ses engagements avec d’autres clients », a-t-elle ajouté.
Le recours d’Engie à Sonatrach pour augmenter ses livraisons gazières s’explique par le retour à la hausse des prix de gaz sur le marché spot puisqu’il est indexé sur les cours du pétrole brut, avait précisé la même source, rappelant
que la compagnie algérienne avait subi des pressions de la part des sociétés françaises et européennes pour réviser les prix contractuels de gaz dans le sillage de la chute des prix de pétrole.
« La partie française voulait renégocier les contrats gaziers à long terme avec Sonatrach lorsque les prix (de gaz) étaient bas. Ils (les Français) voulaient faire pression sur Sonatrach pour renégocier ces contrats », avait fait savoir la même source.
Les réserves gazières de l’Algérie demeurent « énormes »
Questionné également par la presse sur un éventuel « essoufflement » des réserves gazières du pays durant les dernières années en raison de l’augmentation de la production, M. Mazouzi a assuré que le déclin constaté en terme de production ne s’est pas fait au détriment des réserves du pays mais a été généré par une série d’actions d’optimisation.
Il a assuré que les réserves gazières de l’Algérie étaient « énormes » et « très importantes » et que le pays « restera un producteur et un fournisseur gazier à court, moyen et long termes (…). Nos gisements sont exploités de manière très rigoureuse, d’ailleurs nous avons des taux d’extraction parmi les plus faibles au monde car nous travaillons d’abord pour la préservation des gisements avant de penser aux augmentations de nos capacités de production ».
Selon lui, les réserves de gaz suffiront pour une production de plus d’un (1) siècle alors que celles de pétrole ne s’épuiseront pas avant 2050 ou 2060.
Mais parler de « surexploitation » des réserves relève de la pure spéculation, a fait valoir le patron de Sonatrach car, selon lui, aucune partie, à part Sonatrach et l’Etat algérien, n’a droit d’accéder aux informations liées aux réserves minières.
« La base de donnée (relatives à ces informations) est confidentielle (…). Qui dispose d’outils de simulation, d’expertise, de références pour prétendre pouvoir y (base de données) accéder? », s’est-il interrogé.
S’exprimant sur les financements des projets de Sonatrach, il a affirmé que ce groupe allait « s’autofinancer pour la réalisation de tous ses projets à l’exception des projets pétrochimiques qui seront réalisés en partenariat ».
Il a d’autre part annoncé que la compagnie était en train d’étudier les meilleurs opportunités pour engager des investissements en Afrique, notamment en Mozambique et en Tanzanie, ainsi qu’en Asie et en Amérique.
Interrogé sur l’avancement du projet Galsi (gazoduc Algérie-Sardaigne), un autre haut responsable de Sonatrach a indiqué que c’est « un projet vivant et qui avance très bien ».