Benflis désavoue l'appel de Benouari à des pressions occidentales sur le pouvoir algérien - Maghreb Emergent

Benflis désavoue l’appel de Benouari à des pressions occidentales sur le pouvoir algérien

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Le candidat Ali Benflis prend ses distances avec l’ancien ministre qui a rejoint sa campagne après avoir échoué à faire valider sa propre candidature aux présidentielles par le Conseil constitutionnel. Ali Benouari avait appelé les Etats-Unis et l’UE à menacer les dirigeants algériens de leur interdire de voyager et de geler leurs avoirs en cas de fraude lors du scrutin du 17 avril prochain.


 

Ali Benflis, candidat à l’élection présidentielle du 17 avril, a pris ses distances avec un de ses soutiens, Ali Benouari, qui a appelé les Etats-Unis et l’Union européenne à menacer les dirigeants algériens de leur interdire de voyager et de geler leurs avoirs en cas de fraude lors du scrutin du 17 avril prochain.

Un porte-parole d’Ali Benflis a indiqué mercredi que l’ancien ministre du Budget est un « acteur politique » appelé à prendre des initiatives « qui n’engagent que lui ». Cette déclaration fait suite à des lettres ouvertes envoyées par M. Benouari au président Barak Obama et au président de la Commission européenne, José Manuel Baroco, leur demandant d’envisager des sanctions contre les dirigeants algériens en cas de fraude aux prochaines élections présidentielles.

Candidat à la candidature, Ali Benouari, ministre dans le gouvernement de Sid-Ahmed Ghazali (1991-1992), s’est installé en Suisse et a obtenu la nationalité de ce pays peu après avoir quitté le gouvernement. Il s’est engagé dans la vie politique en Suisse, où il s’est présenté aux élections législatives. Après avoir échoué à rassembler les parrainages nécessaires à sa candidature pour le scrutin du 17 avril 2014, il a rallié Ali Benflis et a assisté à certains de ses meetings.

Ali Benouari a publié mardi, dans la presse algérienne, une lettre au président Barack Obama, dans laquelle il appelle les puissances occidentales et l’ONU à « encourager l’avènement d’un régime démocratique en Algérie ». « La communauté́ internationale a les moyens de faire respecter le choix que les Algériens feront le 17 avril 2014 », affirme l’ancien ministre, qui plaide pour des « pressions à caractère dissuasif » pouvant être décidées rapidement. Il préconise notamment « l’interdiction de voyager pour les dirigeants et leurs familles ainsi que le gel de leurs avoirs ».

 

Ali Benouari se défend d’appeler à l’ingérence étrangère

 

Ali Benouari se défend, toutefois, d’appeler à l’ingérence étrangère, un sujet particulièrement sensible en Algérie. « Ce type de solidarité́ active, en amont des conflits internes, est à privilégier, car pouvant éviter à la communauté́ internationale d’avoir à intervenir ‘’à chaud’’ pour empêcher que ces conflits ne se transforment en guerres civiles susceptibles de déborder de leur cadre national », affirme-t-il. Selon lui, « il ne s’agit pas d’ingérence, mais de responsabilités à assumer dans la défense de valeurs et d’intérêts communs ».

Le porte-parole de Ali Benflis, visiblement embarrassé, a rappelé que M. Benouari, comme nombre de candidats à la candidature, a décidé d’appuyer celui-ci après avoir échoué à faire valider sa candidature par le Conseil constitutionnel. Le « dénominateur commun » entre lui et M. Benflis, insiste-t-il, c’est le « projet de renouveau » national, au programme de ce dernier. Pour lui, le principal concurrent le M. Bouteflika ne se sent pas engagé par les déclarations faite hors du cadre de son programme.

 

Le précédent Nazzar

 

L’ingérence est un sujet explosif en Algérie. Au sein de l’opinion, comme dans la classe politique, le sentiment général est au rejet, particulièrement après les effets du « Printemps arabe » et l’intervention de l’OTAN en Libye. Abdessalam Ali Rachedi, ancien ministre, estime ainsi que « faire appel à des Etats étrangers pour s’ingérer dans nos affaires, surtout s’agissant de grandes puissances, est une faute ». « Ces Etats ne défendent que leurs intérêts, et il est naïf de croire qu’ils pourraient nous aider à régler nos problèmes », rappelle-t-il.

Les hauts responsables militaires et de sécurité sont eux aussi très sensibles à cette question, particulièrement après les déboires vécus par le général Khaled Nezzar, ancien ministre de la Défense, en France et en Suisse, et les menaces de porter plainte à son encontre devant les juridictions internationales. En France, il avait été contraint de quitter le pays dans des conditions rocambolesques après que des informations persistances aient fait état d’une possible convocation par un juge d’instruction. En Suisse, il a été interrogé par un procureur et autorisé à quitter le territoire après s’être engagé à répondre aux convocations ultérieures de la justice suisse.

Les démêlés de Khaled Nezzar avec la justice suisse faisaient suite à une plainte déposée contre lui par des personnes détenues dans les camps du Sud, où étaient internés au début des années 1990 les militants islamistes du FIS. Cette plainte est appuyée par l’association suisse Trial, qui lutte contre l’impunité. Au cours d’un séjour en Suisse, Khaled Nezzar avait été interrogé pendant une vingtaine d’heures, après que son immunité ait été refusée. L’affaire est toujours en cours.

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