L’ancien colonel du DRS Chafik Mesbah, invité lundi au Forum de Liberté, estime que l’homme en mesure de gérer la transition « reste encore et toujours, Liamine Zeroual ».
La décision d’Ali Benflis de se présenter à la présidentielle de ce 17 avril était une « erreur d’évaluation », estime l’officier à la retraite, Chafik Mesbah. Ce dernier, avance qu’il ne tient pas ces propos de l’ancien chef du Gouvernement sous Bouteflika 1 lui-même, mais de son entourage. Tout en précisant que Benflis « reste son ami », il indique que « L’idée qui prévalait au sein de son entourage (de Benflis NDLR) était que Bouteflika n’allait pas briguer un 4e mandat». Chafik Mesbah considère que le scrutin du 17 avril « est verrouillé d’avance », ce pourquoi la candidature de Benflis lui parait « saugrenue ». «Il n’y aura pas de second tour. Bouteflika sera reconduit. Il y aura plutôt une forte abstention. Selon les échos qui me sont parvenus, le taux de participation parmi la communauté nationale à l’étranger tourne autour de 10 % et il ne sera pas meilleur en Algérie. Les résultats vont être maquillés comme c’était le cas à chaque fois parce que le taux de participation n’a jamais dépassé les 20 % lors de toutes les joutes électorales organisées pendant ces 15 dernières années », a-t-il dit.
« Ouyahia n’a aucune morale »
Chafik Mesbah a profité de la tribune que lui a offerte le forum du quotidien Liberté, pour tirer à boulets rouges contre le directeur de cabinet de la présidence, Ahmed Ouyahia, remettant en cause sa qualité d’homme politique. « C’est un personnage qui n’a aucune éthique ni morale. Il est capable de se plier devant n’importe quel président pour arriver à ses fins », a-t-il asséné. « Je ne souhaite pas que l’avenir de l’Algérie soit mis entre les mains d’une personne d’un tel acabit ». Chafik Mesbah est convaincu que Bouteflika « ne mettrait jamais sa totale confiance en Ouyahia car, il s’est retourné contre tous ceux qui l’ont porté aux postes qu’il a occupés », a-t-il ajouté.
« Toufik n’a pas la dimension d’Andropov »
Chafik Mesbah dit ne pas partager pas les termes de la transition proposée par l’ex-chef du gouvernement réformateur, Mouloud Hamrouche : «Je ne suis pas d’accord avec monsieur Hamrouche quand il s’adresse aux hommes (Bouteflika, Toufik et Gaid Salah, Ndlr), parce qu’il faut parler d’institutions. Moi je parle d’institution et je fais abstraction des chefs militaires. Le général Toufik, à mon avis, n’a pas la dimension de Iouri Andropov,» pour engager l’Algérie dans la voie de la transition démocratique. Mais, il pense plutôt que « c’est l’ancien président Liamine Zeroual qui est l’homme de la situation ». Et d’évoquer les évolutions qu’a connues l’institution militaire ces dernières années. « Il y a eu des évolutions au sein de l’institution militaire notamment dans la chaine de commandement. 90 % de ses jeunes officiers ont fait des formations dans de grandes écoles militaires et en règle générale, ils ne trainent pas de casseroles. Ils ont le patriotisme chevillés au corps et ils ne sont pas prêts à s’impliquer dans des choix politiques partisans. Je ne les vois pas s’engager en faveur de tel ou tel candidat, ni tirer sur la foule, » a-t-il dit.