L’ancien président Liamine Zeroual a mis en cause, mercredi, l’aptitude du président Bouteflika à exercer la fonction de président de la République. Il affirme que le prochain mandat présidentiel doit être « un mandat transition ». (Mise à jour)
L’ancien président Liamine Zeroual a affirmé mercredi que le président Abdelaziz Bouteflika ne peut pas être candidat à la présidence de la république, en raison de son état de santé, qui ne lui permet pas de remplir « les charges protocolaires » qu’exige la fonction. Sans évoquer directement la question, le général Zeroual, dans une déclaration écrite, rappelle que la charge de président de la république impose « une lourde et délicate charge, autant morale que physique », en vue de remplir les « charges protocolaires » qu’exige la fonction.
« Pour être honorablement assumée », cette charge « exige d’être entourée d’un certain nombre de conditions », dont « essentiellement celles qu’édicte formellement la constitution d’une part, et celles qu’impose l’éthique des règles protocolaires liées à l’exercice de la fonction, d’autre part », affirme le président Zeroual. Malgré une très grande prudence dans la formulation, les propos de l’ancien chef de l’Etat (1993-1999) sont clairs. Pour lui, le président Bouteflika ne remplit pas les conditions requises pour la fonction.
Aller à un nouveau « consensus national »
Le président Zeroual reproche également à son successeur d’avoir amendé la constitution en 2008, pour abroger l’article 74 limitant le nombre de mandats à deux, et souhaite que le prochain mandat soit celui d’une transition pour aller à un nouveau « consensus national ». La révision de la constitution, qui a permis au président Bouteflika de briguer un troisième puis un quatrième mandat, « a profondément altéré » la marche de l’Algérie sur « le chemin de la démocratie », affirme le président Zeroual, pour qui « l’alternance au pouvoir a pour vocation de fortifier la démocratie et de crédibiliser les institutions », d’assurer « les meilleures conditions d’avènement, sans grands heurts, d’un Etat moderne » et de « consolider la solidarité intergénérationnelle et de conforter la cohésion nationale ».
Le président Zeroual souhaite que le prochain chef de l’Etat assure un « mandat-transition » pour réaliser un « grand dessein», à travers « un consensus national autour d’une vision partagée sur l’avenir de l’Algérie ». Ce consensus doit être « partagé par les principaux acteurs de la vie nationale », et doit être « nécessairement couronné, en dernière instance, l’assentiment souverain de l’ensemble du peuple algérien ». M. Zeroual ne précise pas si cela doit se faire à travers un référendum, mais il souligne que cela doit mener vers « un renouveau algérien plus conforme aux aspirations légitimes des générations postindépendance et en harmonie avec les grandes mutations que connait le monde ».
Sans se prononcer sur l’élection présidentielle du 17 avril, Liamine Zeroual met implicitement en cause la liberté du scrutin. « Il incombe à l’Etat d’offrir les meilleures conditions de transparence et de liberté afin que le choix soit rigoureusement respecté et pris en considération ». Il appelle aussi à l’établissement de contre-pouvoirs, à plus de « transparence dans l’administration des affaires publiques », au respect des « libertés individuelles et collectives », ainsi qu’à « la primauté du droit et de l’équité de la justice ».
Le mandat de la dernière chance
Sans évoquer directement l’actualité, le président Zeroual relève « une série d’évènements et de déclarations, autant multiples qu’inhabituels », dont une « regrettable diatribe dont la finalité n’est autre que celle de fragiliser de nouveau l’appareil national de défense et sécurité nationales ». M. Zeroual fait clairement allusion à la déclaration du secrétaire général du FLN, Amar Saïdani, qui avait mis en cause le DRS et son patron, le général Toufik Mediène. Liamine Zeroual a rendu un hommage appuyé à l’armée, affirmant que sa « cohésion interne » et « son essence populaire demeurent, à elles deux, les véritables facteurs de sa puissance ». Il appelle à ne pas « sous-estimer la situation actuelle », rappelant que « la manne financière, à elle seule, ne peut venir à bout d’une crise de confiance structurelle ».
Il considère légitimes les mouvements de contestation qui se multiplient, et les qualifie « d’effervescence citoyenne » qui a une « ambition légitime », celle « d’apporter sa propre contribution à l’édification d’un nouvel ordre politique ». Pour le président Zeroual, il est urgent d’agir. « Le prochain mandat présidentiel est le mandat de l’ultime chance à saisir pour engager l’Algérie sur la voie de la transition véritable », dit-il, ajoutant qu’il faut agir « sous le sceau de l’urgence », mais « de manière pacifique », en associant « tous les Algériens » au nouveau consensus national.