Rencontrée jeudi dernier à Oran, à la 4ème édition du Forum national de la femme chef d’entreprise, la vice-présidente du réseau mondial des femmes chefs d’entreprises (FCEM) nous parle d’un ambitieux projet, qui lui tient à cœur : une plateforme virtuelle pour permettre une visibilité mondiale sur la toile des entreprises dirigées par des femmes.
Pour promouvoir l’entreprenariat féminin, vous avez développé une plateforme virtuelle. La visibilité sur la toile sera-t-elle possible pour toutes les entreprises implantées à l’échelle mondiale ?
En 2005, nous avons estimé qu’il fallait se développer et donner de la visibilité à nos entreprises. Nous avons, donc, créé le « businesse to business » et développé un « B to B » virtuel. Il s’agit d’une plateforme intégrée aux outils de communication qui permet d’encoder les entreprises localement, régionalement, nationalement et internationalement, de façon à faire connaitre les services et les produits entre elles au niveau mondial. Cette plateforme est actuellement actualisée aux nouvelles technologies et sera présentée au congrès de Taiwan, prévu entre le 24 et le 26 septembre prochain. On va la doubler d’une bandes de données d’expertises, où les femmes qui ont une expertise dans leur domaine et souhaitent la partager peuvent encoder.
Cette plateforme représente un applicatif pour la gestion de l’entreprenariat. C’est un cloud computing qui permet de gérer sa messagerie et le stockage des documents. On va jusqu’à la facturation et le contrôle des marges. Nous travaillons sur les codes européens dans tous les secteurs d’activité et également sur toute la codification des pays, régions, sous-régions, villes…Une entreprise qui encode un service à Oran peut travailler avec une autre qui est à Alger et avec une autre par secteur d’activité. Il existe un formulaire de contact offre et demande qui permet aux entreprises de se contacter.
Comment adhérer à cette plateforme ? Une entreprise implantée en Algérie peut-elle s’y inscrire facilement ?
L’adhésion se fera à travers les associations. Pour l’Algérie, l’adhésion se fera à travers SEVE, l’Association des femmes algériennes chefs d’entreprises. A travers, donc, chaque association nationale qui, elle, profite alors de la manne financière que cela peut lui rapporter parce qu’elle va l’ouvrir également aux sponsoring, une banque, par exemple. Chaque entrepris a son code, son mot de passe. Elle encode elle-même ses données. Elle affiche ses produits et ses services. Elle n’affiche pas ses prix. Toutes ces informations sont confidentielles puisque ce sont des bureaux individuels par entreprise qui gèrent cette opération.
Pour le financement, nous avons pris contact avec de grandes fabriques automobiles, en Allemagne notamment, pour voir si elles peuvent insérer, soit au niveau régional soit au niveau mondial, des plateformes avec un financement important qui va alors aller aux femmes chefs d’entreprises pour aider les start-up à faire de la formation. Pour, en fait, nous donner des liquidités nationales afin de pouvoir promouvoir l’entreprenariat féminin.
Pour notre organisation, le projet de la plateforme a été financé en 2005 par mon entreprise. Je travaille avec les multinationales et j’ai eu l’opportunité de pouvoir m’occuper de ce projet. C’était du bénévolat. J’ai d’abord créé une entreprise d’informatique. En même temps pour le « B to B », l’association a reçu un financement de la Banque africaine de développement. Cette banque est intervenue au Cameroun, en Tunisie, à l’Ile Maurice, pour former des femmes à l’utilisation des outils. Pour l’Algérie, j’attends le OK de l’association SEVE.
Comment votre association compte-t-elle gérer, à l’échelle mondiale, le réseau des entreprises adhérentes ?
Il est très difficile au départ de Bruxelles, où se trouve le staff pour l’informatique, de gérer le mondial parce la culture n’est pas la même partout. Nous travaillons dans plusieurs langues. Nous avons, donc, décidé, au niveau mondial, de donner une dynamique au « B to B » et aux projets que nous allons mettre en place. Pour cela, nous avons décidé d’avoir des informaticiennes par pays ou par grande région. L’Algérie peut être choisie pour les pays du Maghreb. Le but est d’avoir une informaticienne qui prendrait en main l’encodage et la visibilité de la plateforme auprès de l’entreprenariat. Autrement, il n’est pas possible d’avancer.
Nous ne pouvons pas demander à SEVE ou aux femmes chefs d’entreprises de s’occuper de cette opération. Nous serons obligés à long terme – et même, peut-être, à court terme si ça va très vite dans l’encodage des entreprises – de délocaliser les serveurs et la maintenance. Grâce à ce réseau d’informaticiennes, les entreprises auront la possibilité de réseauter. A l’heure actuelle, nous ne pouvons pas faire réseauter une femme qui se trouve aux Etat-Unis avec une autre qui se trouve à Alger si elle ne sait pas qu’elle existe. Donc, nous allons encoder dedans dans tous les pays et toutes les entreprises qui souhaiteront y rentrer.
Comment voyez-vous le développement de l’entreprenariat féminin au Maghreb après le « Printemps arabe » ?
Le Printemps arabe a été un terrible frein parce que leur statut et les privilèges qu’elles avaient ont certainement été réduits. J’admire énormément la ténacité et le courage de ces femmes qui luttent à l’heure actuelle pour ces privilèges et ces acquis. Ces femmes maghrébines ont un mérite énorme. Leur force de femme entrepreneure est de lutter pour la paix et aussi pour le statut de la femme. Je parle des femmes en général au Maghreb. En tant qu’Européenne, je peux parler plus librement des problèmes que rencontrent ces femmes au Maroc, en Algérie et en Tunisie et de la reconnaissance de leur statut d’entrepreneures et de leur statut de femme.