Pour l’économiste Péruvien Hernando De Soto, les opérateurs du secteur informel savent que les taxes qu’ils ne payent pas à l’Etat pourraient être payées en bakchich. D’où la nécessité de les convaincre de la démarche de la formalisation et du coût qu’elles vont engendrer pour leurs activités.
La meilleure manière de parvenir à la formalisation des activités extra-légales est de prendre contact avec les acteurs du secteur informel. C’est ce que suggère l’économiste, spécialiste de la formalisation Hernando de Soto lors de son passage ce mardi sur le plateau de Radio M, la webradio de Maghreb Emergent.
Interrogé sur les différentes mesures prises par le gouvernement ces derniers mois pour éradiquer le secteur informel et notamment la mise en conformité fiscale accordée aux tenants des fortunes non déclarées pour les bancariser, M. De Soto a estimé que les démarches des pouvoirs publics si elles ne tiennent pas compte des aspirations des acteurs de l’informel, sont vouées à l’échec. Et il faut établir un dialogue permanent pour savoir où ça coince, a-t-il ajouté.
Pour lui, les opérateurs du secteur informel savent que les taxes qu’ils ne payent pas à l’Etat pourraient être payées en bakchich. D’où la nécessité de les convaincre de la démarche de la formalisation et du coût qu’elle vont engendrer pour leurs activités.
Légaliser pour créer du capital
M. De Soto va plus loin en affirmant que même la légalisation des constructions peut insuffler une dynamique au secteur économique. Il estime que les propriétaires des habitations illicites épargnent pour construire. « Si la légalisation se fait d’une façon telle qu’elle génère une garantie pour avoir le crédit, elle pourra créer du capital et de la valeur ex nihilo », explique-t-il, rappelant que la Russie de Vladmir Poutine, qu’il a conseillé a entrepris la légalisation de 400 000 datchas (maisons de campagne) et cette opération a donné de bons résultats.
L’économiste, très écouté notamment dans les pays en développement a lancé des études dans beaucoup de pays sur le phénomène de l’informel avec chacun sa particularité. Ces études sont menées en Tunisie, en Libye et en Egypte. En Algérie, il reconnait qu’il a « mal vendu » son expertise lorsqu’il a été invité en 2012 à une grande conférence sur le phénomène. A présent, il affirme que l’actuel ministre du Commerce, qui l’a reçu lundi à Alger a été très ouvert sur ce sujet qui constitue l’une des préoccupations du gouvernement.
Interrogé sur l’impératif de la gouvernance démocratique pour mener le chantier de la formalisation, M. De Sotot affirme que le développement économique peut être mené même sans la démocratie politique, tant des pays notamment du sud est asiatique ont réussi économiquement même sous des régimes autoritaires, citant des pays comme Singapour, la Malaisie ou encore la Corée du Sud.