Le patron de Cevital, Issaad Rebrab, qui poursuit son déploiement à l’international en dépit de l’absence de soutien des pouvoirs publics, devrait être encouragé par le patronat, estime Slim Othmani, le patron de NCA Rouiba, une entreprise spécialisée dans l’industrie agroalimentaire qui a fait son entrée à la Bourse d’Alger, il y a un an.
Le président du Conseil d’administration de la Nouvelle conserverie algérienne NCA Rouiba, Slim Othmani, pense que le gouvernement algérien devrait faire des acquisitions stratégiques sur le continent européen. Slim Othmani qui était l’invité de la semaine du rendez-vous économique de Radio France internationale (RFI) et Jeune Afrique (JA), a souligné que le gouvernement aurait dû se positionner sur les dossiers Peugeot et Alstom. D’autant que ce dernier (Alstom) est actif en Algérie, où il monte une usine de rames de wagons à Annaba. « Notre pays a raté beaucoup d’opportunités », a-t-il regretté. Et d’expliquer : « Le gouvernement pourrait à travers un fond d’investissement investir dans des secteurs aussi importants ».
« M. Rebrab doit être encensé par le patronat »
Faute d’investir lui-même, le gouvernement algérien pourrait aller encore plus loin dans le travail d’accompagnement des autres acteurs qui souhaiteraient s’internationaliser, estime encore M. Othmani. Il se dit fier des réalisations à l’étranger d’Issaad Rebrab, le patron du conglomérat algérien Cevital. Ce dernier a amorcé un déploiement à l’international à travers le rachat de sociétés françaises en faillite à l’instar d’Oxxo (PVC) et FagorBrandt (électroménager). « On devrait l’encourager plutôt qu’entraver ses efforts », a estimé l’invité de RFI/JA. « J’ai l’impression qu’il (Rebrab) est surtout jalousé par beaucoup de patrons. En Algérie, la solidarité patronale est souvent mise à mal par les patrons eux-mêmes avant même les pouvoirs publics », a-t-il ironisé. Pour Othmani, l’absence d’un patronat rassembleur et l’inexistence d’un leadership fort au sein du patronat en Algérie empêche de mettre en lumière ce type d’actions au niveau international. « M. Rebrab devrait être encensé par le patronat. On devrait le choisir comme exemple », souligne-t-il. Sur son intention de s’internationaliser justement, Slim Othmani se veut pragmatique : « Pour le moment je n’en ai pas les moyens, parce que mon développement aussi bien local que régional consomme absolument toutes mes ressources ».
Le dilemme du foncier industriel
Sur le marché local, Slim Othmani a déploré les contraintes liées à la cherté du foncier industriel qui bride son développement en Algérie. Il annonce qu’il existe des projets d’extension pour son entreprise, les lieux d’implantation étant en train d’être identifiés. Cependant, ces projets d’extensions sont freinés par les prix prohibitifs du foncier. « On est dans une posture où on te dit ‘’ paie ou crève’’. Et là nous n’avons pas trop le choix. Si j’ai envie que mon entreprise se développe, je suis obligé de payer pour 1000 euros le mètre carré », explique le patron de NCA Rouiba. Cela est lié, selon lui, au fait que le problème du foncier n’a pas à ce jour été traité de façon correcte par les pouvoirs publics « qui n’ont pas été dans une démarche collaborative pour trouver des solutions à ce problème ». A ce titre, le président du conseil d’administration de NCA Rouiba déplore le manque d’entrain voire d’intérêt de la part des responsables locaux qui ne s’impliquent pas en donnant leur soutien et accompagnement à un investisseur qui vient pourtant dans la perspective de créer des emplois. « Les projets (d’extension) sont en cours, mais nous attendons depuis des mois des assiettes foncières. Dans la région d’Alger, nous avons trouvé une assiette foncière extrêmement chère mais on n’a pas le choix », observe M. Othmani.