Détenteur de 3,43% du capital de l’ancien leader du marché de la téléphonie en Algérie, le premier groupe privé algérien a de sérieuses raisons de ne pas bouger sur ce dossier.
Cevital ne va pas sortir du capital de Djezzy à la faveur du départ, en cours, de l’actionnaire opérationnel, la multinationale russe Veon. C’est ce que Maghreb Emergent a appris d’une source proche du dossier. « Une sortie conjointe aurait pu être demandée par Cevital. Mais dans ce dossier il n’y a que des coups à prendre », a affirmé un expert financier connaissant les termes du pacte d’actionnaires scellé entre Veon et l’acquéreur de 51 % du capital pour 2,6 milliards de dollars en 2014, le Fonds national d’investissement (FNI) .
En réalité, Cevital aurait, en devenant lui aussi vendeur de ses parts, « ajouté aux difficultés du FNI, aujourd’hui dans l’incapacité de rembourser le principal et les intérêts des crédits levés » pour financer son acquisition, décidée par le président Bouteflika, de la majorité des parts au sein de l’opérateur téléphonique en Algérie, qui était passé en 2011 des mains de l’égyptien OTH à ceux de Veon (Vimpelcom précédemment).
Cevital a bénéficié d’un dédommagement équivalent à 109 millions de dollars (en contre valeur dinars) en 2014, pour avoir été écarté de la transaction et du nouveau pacte des actionnaires entre Vimpelcom et le FNI. Il avait conclu alors un swap d’actions avec l’opérateur russe, mais l’opération de paiement en obligations convertibles à l’international, n’a pas pu se concrétiser et Cevital est resté comme actionnaire dormant dans le nouveau tour de table de Djeezy depuis 2014. Il pourrait profiter de cette nouvelle transaction qui voit le FNI devoir racheter les 45, 57% de Veon pour monétiser ses parts. L’EDIBTA de Djezzy a considérablement baissé ces dernières années, après « le massacre de son réseau », et son arrivée tardive dans l’Internet mobile (licence 3G bloquée) en retard sur les deux opérateurs concurrents.
Profil bas
Cevital a donc choisi, en restant dans le capital de Djezzy, de ne pas se mettre à dos les pouvoirs publics algériens, très embarrassés déjà par le piège de devoir financer l’achat obligatoire des parts de Veon qui a annoncé en juillet dernier sa décision de quitter l’Algérie. Issad Rebrab le PDG du groupe Cevital adopte un profil bas sur tous les fronts de son business depuis sa remise en liberté le 31 décembre 2019 après huis mois de détention préventive décidée par feu le chef d’Etat Major, Ahmed Gaïd Salah. Il n’a cependant réussi à débloquer quasiment aucun de ses projets d’investissement en souffrance de longues années durant sous le règne des Bouteflika. Une banque d’affaires internationale décidera dans les prochaines semaines de la valeur de Djezzy, et donc des parts cédées par Veon au FNI. Les deux parties n’ont pas réussi à rapprocher leurs deux offres en novembre dernier.
Samy Injar