L’opinion algérienne doit être éclairée sur la situation du stock de réserves algériennes d’or, qui n’a pas bougé depuis 2009, alors que l’Algérie s’est lancée dans l’exploitation d’un gisement à Amessmessa. Ce stock aurait dû augmenter suite au lancement de la production dans les gisements aurifères du Sud. A moins que l’exploitation de ces gisements n’ait rien produit contredisant ainsi les déclarations officielles qui avaient annoncé une production importante.
Selon le rapport 2016 du Conseil mondial de l’or (CMO) publié vendredi, l’Algérie occupe le 25e rang mondial par ses réserves d’or estimées à fin 2015 à 173.6 tonnes. En Afrique, elle arrive en première place devant l’Afrique du Sud (29e), la Libye (31e), le Maroc (59e) et la Tunisie (77e). Au niveau de la région arabe, elle se classe troisième, après l’Arabie Saoudite (322.9 tonnes) et le Liban (286.8 tonnes).
Pour déterminer la valeur du lingot de 1 kilogramme d’or, il faut multiplier le prix de l’once d’or par 32,15, puis appliquer le taux de change euro/dollar. Le 11 mars 2016, l’once d’or était cotée à 1274,15 dollars. A prix courant, pour mars 2016, pour l’Algérie, cela donne un montant légèrement supérieur à 7 milliards de dollars représentant environ 5% des réserves de change au 31 décembre /2015.
La dépréciation d’environ 30% de l’or entre 2009 et 2015 a fait perdre plus de 2,5 milliards de dollars de sa valeur monétaire au stock algérien, que j’avais estimée, début 2011, à 9,75 milliards de dollars. Corrigé par le taux d’inflation mondial, le cours de janvier 1980 équivaut, en termes de parité de pouvoir d’achat, à 2.477 dollars l’once selon les statistiques internationales.
L’opinion algérienne doit être éclairée sur la situation, pour le moins paradoxale, du stock de réserves algériennes d’or, qui n’a pas bougé depuis 2009, alors que l’Algérie s’est lancée dans l’exploitation d’un gisement à Amessmessa. Ce stock aurait dû augmenter suite au lancement de la production dans les gisements aurifères du sud du pays. A moins que l’exploitation de ces gisements n’ait rien produit contredisant ainsi les déclarations des différents ministres de l’Energie entre 2009 et 2015 qui avaient annoncé officiellement une production importante.
Le 30 janvier 2010, dans une déclaration à l’APS, le directeur général de l’Entreprise d’exploitation des mines d’or (ENOR) avait déclaré officiellement : « Le gisement d’Amessmessa, situé à 460 km à l’ouest de Tamanrasset, va bénéficier d’un plan de développement, avec pour objectif de hausser graduellement sa production aurifère à trois tonnes d’or annuellement…. S’agissant des exportations de l’entreprise entre 2009 et 2010, elles ont été de l’ordre de 848,49 kg d’or, tandis que le marché local a consommé seulement 208,78 kg. » La question se pose donc légitimement : où est la production additionnelle de la mine d’or d’Amesmessa?
Cependant, tout en tenant compte de l’importance des richesses aurifères de l’Algérie, il faut rappeler que la monnaie est, avant tout, un rapport social traduisant le rapport confiance Etat-citoyens. La thésaurisation et la spéculation dans les valeurs-refuges comme l’or, certaines devises ou certaines matières premières est nocive à toute économie.
Avoir des réserves de change en devises ou en or est une condition nécessaire pour sécuriser l’investissement et, surtout, éviter un dérapage plus important de la valeur du dinar dans la mesure où il existe une corrélation d’environ 70% entre sa valeur actuelle et ce stock de devises (autrement le dinar flotterait à plus de 300-400 dinars un euro). Toutefois, c’est loin d’être une condition suffisante d’un développement durable. Le problème central pour l’Algérie est de transformer cette richesse virtuelle en richesse réelle passant par un développement hors hydrocarbures se fondant sur l’entreprise et le savoir, le tout conditionné par une nouvelle gouvernance.