Notre pays est contraint d’importer d’importantes quantités de blé, plus particulièrement du blé tendre, pour subvenir aux besoins alimentaires de sa population. La dépendance dure déjà depuis très longtemps. L’importation de ce produit exerce d’ailleurs une pression négative sur la balance de paiement du pays.
La production nationale de céréales au cours de la campagne 2021/2022 ne peut en aucun cas excéder 40 millions de quintaux, soit 4 millions de tonnes, la production de blé tendre enregistre généralement des valeurs inférieures qui se situent entre 5 et 7 millions de quintaux. Notre pays n’est en mesure de satisfaire qu’entre 34% à 36% de ses besoins en blé.
Selon le ministre de l’agriculture et du développement rural, la surface globale réservée actuellement à la culture céréalière est estimée à 2,9 millions d’hectares dont 1 566 000 ha soit 54% pour le blé dur et 406 000 ha soit 14% pour le blé tendre. Pourquoi ne pas étendre les superficies réservées aux céréales notamment le blé tendre ? Ce n’est pas le territoire qui manque ! Le dernier rapport du département américain de l’agriculture (USDA) prévoit une consommation de 11,15 millions de tonnes durant la campagne de commercialisation 2022/2023. On assistera donc à une augmentation des quantités à importer ce qui va alourdir encore plus la facture alimentaire.
L’approvisionnement du marché local en céréales est assuré exclusivement par l’office Algérien Interprofessionnel des Céréales (OAIC), personnellement je me demande toujours pourquoi cet organisme ne s’immisce pas directement dans la production de ce féculent stratégique pour notre alimentation ?
L’Office Algérien Interprofessionnel des Céréales (OAIC) a été créé par l’ordonnance du 12 Juillet 1962, soit une semaine après l’indépendance et constitue le premier opérateur public de l’Algérie indépendante dont la mission se focalise essentiellement autour de l’organisation du marché des céréales en assurant l’approvisionnement, la régulation et l’appui à la production , ainsi l’office doit :
– Veiller à la disponibilité régulière des céréales sur le marché local
– Réaliser le programme national d’importation de céréales selon des conditions prédéfinies
– assurer la collecte de la production nationale des céréales
– approvisionner les céréaliculteurs en intrants
– mettre en œuvre et gérer les actions d’appui à la production de céréales.
– mettre en œuvre divers moyens pour développer la production céréalière, notamment financier et également par intervention directe
Cette marge de manœuvre importante et les moyens colossaux dont il dispose, offrent à l’OAIC l’occasion de contribuer pleinement au développement de la filière céréale, mais il se trouve qu’actuellement l’office est considéré comme un organisme ‘’ commercial’’, d’ailleurs on n’entend parler de l’OAIC que quant il lance les avis d’appels d’offre pour l’achat du blé
En effet l’office s’occupe exclusivement des importations céréalières et de la collecte des récoltes auprès des céréaliculteurs locaux et procède au stockage et approvisionne près de 600 minoteries à travers le territoire national. Aussi l’office accompagne les agriculteurs dans leur processus de production des céréales par le matériel agricole notamment les moissonneuses batteuses, les intrants tels que les engrais et les semences et l’encadrement technique. L’Office s’appuie sur les moyens des Coopératives de Céréales et de Légumes Secs (CCLS) qui disposent d’infrastructure de stockage, transport et manutention. Ces organismes agissent sous l’égide de l’OAIC dont dépend leur rattachement administratif, technique et financier.
L’OAIC est doté de moyens humains, financiers et matériels et un certain savoir-faire qui lui procurent d’être le pionner et le précurseur du développement des céréales dans notre pays. Un ex Directeur Général de l’OAIC affirme qu’entre 2011 et 2014 l’Office avait acquis 1000 moissonneuses batteuses, 400 tracteurs et 3700 semoirs. En fait ce ‘’colosse agricole’’ peut aisément réaliser des investissements dans le cadre de la concession en utilisant toutes les techniques nécessaires pour une conduite ‘’ correcte’’ des cultures, en collaboration avec les instituts techniques et de recherche les résultats ne peuvent être que satisfaisants !
Dans ce sens le même responsable a affirmé que les pouvoirs publics ont affecté à l’OAIC une trentaine de fermes-pilotes spécialisées dans la production de semences de céréales dans le nord du pays, pour ainsi permettre à cet opérateur public de produire lui-même ses semences mais jusqu’à présent on n’a aucune information sur le sujet.
Les entreprises publiques qui ont une ‘’solide santé financière’’ peuvent également contribuer à réaliser cette objectif » salutaire » par la création de fermes céréalières dans le cadre de la concession , aucune contrainte ne les empêchent à aborder ce créneau par la création de filiales agricoles en les dotant de moyens techniques et financiers adéquats je dis souvent » on doit gagner la bataille du blé », il est impératif d’utiliser tous les moyens en notre possession pour y parvenir ! Apres tout il s’agit de la souveraineté alimentaire.
Par : Aissa Manseur : Consultant en développement agricole