L’islamologue et chercheur en soufisme algérien, Saïd Djabelkhir, a été relaxé ce mercredi par le Cour d’Alger, après avoir été condamné à trois ans de prison ferme en première instance le mois d’avril 2021.
Said Djabelkhir était poursuivi pour ses opinions relatives au dogme islamique.
C’est l’islamologue lui-même qui a annoncé sur son compte facebook cette décision de relaxe prononcée par la chambre pénale de la Cour d’Alger. Son procès en appel avait eu lieu le 25 janvier 2023.
Contacté par Maghreb Emergent, Said Djabelkhir a déclaré que cette décision de relaxe « est une victoire pour la liberté de penser en Algérie et ailleurs ». Pour lui, cette décision est également une preuve de plus que la pensée « ne se discute pas dans les tribunaux ».
Dans ce contexte, l’islamologue a tenu à remercier « toutes les personnes qui l’ont soutenu dès le début de son affaire, notamment ses avocats ».
L’affaire remonte à l’année 2020, lorsque le salafiste Mohamed Ali Ferkous avait mené une campagne contre la célébration de Yennayer qu’il considére comme tradition païenne ». Dans une réplique, Saïd Djebalkhir a soutenu, en s’appuyant sur des approches religieuses, que certains rites dans la religion musulmane sont hérités de l’époque païenne en citant le cas notamment du pèlerinage ou encore la célébration du sacrifice de l’Aid.
Dans la foulée de cet échange, une plainte a été déposée contre lui par un enseignant d’informatique à l’université de Sidi Bel Abbes, répondant au nom de Abderazak Boubedjra.
Said Djabelkhir a été poursuivi pour “offense à l’Islam”, « dénigrement du dogme » et « des préceptes de l’islam » en vertu de l’article 144 bis du Code pénal algérien sanctionnant le blasphème.
Lors de son procès en première instance, le mois d’avril 2021, il a été condamné à 3 ans de prison ferme, peine assortie de 50.000 DA d’amende. Face à cette condamnation, une campagne internationale a été organisée en soutien à l’islamologue. Dix-neuf intellectuels et essayistes, parmi lesquels Boualem Sansal, Chantal Delsol et Rémi Brague avaient invité la Cour constitutionnelle algérienne à abroger la loi ayant conduit à la condamnation de l’islamologue pour « blasphème » en raison de son inconstitutionnalité.
Notre web Radio M avait reçu Said Djabelkhir lors d’une émission au cours de laquelle il avait exposé sa pensée, dans un entretien passionnant. Revivez l’émission Accès Libre ci-dessous pour plus d’informations sur l’affaire et sur la pensée du chercheur.