Près de 88.2 % des Tunisiens font face, chaque fin du mois, à des difficultés financières pour subvenir aux besoins de leurs foyers, selon une enquête réalisée en décembre dernier, par la fondation allemande KAS et Sigma conseil.
L’enquête qui à couvert un échantillon de 1026 Tunisiens représentatifs, révèle que 66.2 % des sondés considèrent que leur situation économique actuelle est mauvaise et 54.8 % des Tunisiens estiment que l’écart entre les classes sociales s’est creusé encore plus à cause de l’augmentation générale des prix.
Hassen Zargouni, directeur de Sigma Conseil, a indiqué lors d’une conférence tenue ce samedi à Tunis sur ce sujet, que « 55.7 % des Tunisiens déclarent qu’ils sont endettés et 69.5 % déclarent qu’ils n’arrivent pas à épargner à la fin du mois ».
Selon lui, l’économie demeure reléguée au second plan en Tunisie, contrairement à la politique, qui occupe une place centrale. C’est pour cette raison que, a-t-il dit, le pays fait face à une crise économique. Il a, à cet égard, appelé à la nécessité de mettre en place les mécanismes nécessaires afin de créer de la richesse.
Lors de cette conférence, l’économiste Elyès Jouini, a mis l’accent sur la nécessité d’instaurer un nouveau contrat social et d’élargir la base des affiliés sociaux afin de lutter contre les disparités régionales.
Les Tunisiens sont contraints, ainsi, de payer des impôts dépassant même la moyenne enregistrée par les 36 pays membres de l’OCDE (34%), sans avoir, en contrepartie, des services publics pareils à ceux offerts dans ces pays.
Autre indicateur dans le rouge, le déficit de la balance commerciale, qui s’est établi, durant l’ensemble de l’année 2019, à un niveau record de 19, 4 milliards de dinars, contre 19 milliards de dinars en 2018, toujours selon l’INS.
Par ailleurs, le taux de croissance a reculé au troisième trimestre 2019 à 1,0%, en 2019, mettant à mal les prévisions qui tablaient sur une croissance de 3,1%, pour toute l’année et ce en dépit d’une excellente saison touristique (9,4 millions de touristes) et d’une bonne récolte céréalière (2,4 millions de tonnes).
Pis encore, l’endettement du pays atteint des niveaux dangereux, puis que l’encours de la dette publique de l’Etat atteint, à fin septembre 2019, plus de 82,3 milliards de dinars, selon le rapport publié par le ministère des Finances et intitulé « Résultats provisoires de l’exécution du budget de l’Etat ».
En 2018, la Tunisie a figuré, rappelle-t-on, parmi les 10 pays les plus endettés en Afrique. Elle s’est positionnée au 8ème rang, selon un classement établi par la Banque Mondiale (BM) et le Fonds Monétaire International (FMI). Sa dette publique représentait, en 2018, 71,6% du PIB.
Le prochain gouvernement devrait également, s’attaquer aux racines de l’économie informelle qui mine l’économie nationale et représente, selon les estimations des experts, environ 54% du PIB en Tunisie. Cette économie parallèle fait perdre à l’Etat, des milliards de dinars, qui circulent en dehors des circuits officiels.