Les jours se suivent et se ressemblent pour les trois candidats à la présidentielle en Algérie, Abdelmadjid Tebboune, Youcef Aouchiche et Abdelali Hassani Cherif. Depuis le début de la campagne électorale jeudi dernier, les trois postulants se sont principalement concentrés sur les questions économiques, ignorant superbement les sujets politiques sensibles tels que les libertés individuelles, l’ouverture médiatique, les réformes démocratiques et la migration irrégulière.
Bien que chacun des candidats ait présenté des propositions détaillées sur le plan économique, aucun, en revanche, n’a abordé en profondeur les questions politiques délicates si l’on excepte, Youcef Aouchiche. Le représentant du FFS est, en effet, le seul à avoir tenté de briser le silence sur ces sujets en promettant de libérer les détenus d’opinion et d’abroger l’article 87 bis du Code pénal. Mais il ne s’agit que d’engagement sans faire de procès de l’état actuelle des libertés. Signe de la difficulté à aborder ces sujets sensibles et le climat politique général marqué par un verrouillage de la vie publique et médiatique, comme en témoignent les multiples arrestations opérées à Ifri Ouzellaghen mardi à l’occasion de la célébration de l’anniversaire du congrès de la Soummam, ou encore le durcissement des obligations de contrôle judiciaire de l’activiste Karim Tabbou, la veille, les deux rivaux de Tebboune évitent soigneusement de critiquer la gouvernance actuelle. Tous les trois préfèrent mettre l’accent sur le volet économique. Abdelmadjid Tebboune, le président sortant, a dévoilé un programme ambitieux pour un éventuel second mandat. Lors de son premier meeting électoral à Constantine, il a promis de transformer son quinquennat en un « mandat économique par excellence ». Parmi ses objectifs : la construction de deux millions de logements, le plafonnement des prix des produits de consommation, et la lutte contre la spéculation. Il a également assuré qu’il continuerait à augmenter les salaires des travailleurs, à améliorer le pouvoir d’achat, à lutter contre l’inflation, et à réformer le code communal et de wilaya.
Youcef Aouchiche, de son côté, promet des réformes économiques significatives. Il propose, dans cette perspective, d’augmenter le salaire minimum garanti (SNMG) à 40 000 dinars, de revaloriser l’allocation familiale, de plafonner les prix des produits alimentaires de base, et d’introduire une allocation spéciale pour les chômeurs et les femmes au foyer. Aouchiche envisage aussi d’augmenter l’allocation touristique à 1 000 euros par personne et de renforcer la protection sociale avec un revenu équivalent à la moitié du SNMG pour tous. Outre ces mesures sociales, il souhaite diversifier l’économie nationale, moderniser le système financier, augmenter les exportations, et lutter contre l’économie informelle. En matière politique, Aouchiche propose de « réhabiliter la politique » en Algérie, d’offrir plus de chances aux jeunes, et de réformer en profondeur le système judiciaire, visant ainsi à introduire des réformes significatives sur les libertés et les droits humains.
Quant à Abdelali Hassani Cherif, il considère les politiques économiques en vigueur depuis l’indépendance inadaptées aux spécificités du pays. La clé, selon lui, pour un véritable décollage économique réside dans la réforme complète du système éducatif, avec une révision des programmes scolaires de l’école primaire à l’université et une augmentation significative des salaires des enseignants. Hassani Cherif envisage également des mesures incitatives telles que des prêts sans intérêts pour les jeunes et un soutien accru aux femmes au foyer et aux retraités. Il ambitionne de créer une dynamique économique par des réformes adaptées aux acquis et aux capacités du pays.