Privé des étrangers, le Sahara Algérien survit avec le tourisme domestique - Maghreb Emergent

Privé des étrangers, le Sahara Algérien survit avec le tourisme domestique

Facebook
Twitter

 

Destination prisée pour les fêtes de fin d’année, le Grand Sud a connu une hausse du flux touristique en ce début de saison saharienne 2013-2014. Une augmentation liée au tourisme domestique car le nombre de touristes étrangers, lui, poursuit sa chute inexorable.

 

C’est un ministre du tourisme satisfait qui s’est exprimé, le 14 janvier, sur les ondes de la chaîne III de la Radio algérienne. « L’activité touristique dans le sud du pays n’a pas pâti des événements que connaissent nos voisins, » a déclaré Mohamed Amine Hadj-Saïd, qui s’est réjoui d’un retour des flux touristiques dans le Sud et le Grand Sud. Près de 127.000 touristes se seraient ainsi rendus dans les wilayas du Sud (Ghardaïa, Béchar, Adrar, Illizi, Tamanrasset) au cours du dernier trimestre 2013, soit 30.000 personnes de plus qu’en 2012 à la même période, selon les chiffres transmis à Maghreb Emergent par le ministère du tourisme et de l’artisanat. Cette augmentation, liée à une hausse significative des touristes algériens, n’a pas échappé au ministre, qui a souligné que « ces résultats positifs ont été rendus possibles grâce, notamment, à l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) », qui a conclu des conventions avec le ministère du Tourisme permettant à des travailleurs de bénéficier de vacances dans le Grand Sud. « La stratégie nationale de développement du tourisme en Algérie consiste à privilégier le tourisme domestique, non tributaire de la géopolitique, de la saisonnalité et de la territorialité », a-t-il rappelé. Le ministre a d’ailleurs annoncé que la wilaya de Tamanrasset bénéficie d’une nouvelle zone d’expansion touristique (ZET) de plus de 300 hectares.

Des chiffres « écran de fumée » selon les professionnels

Du côté des opérateurs, en revanche, l’heure n’est guère aux réjouissances. « Ces chiffes sont un écran de fumée », s’exclame Bachir Djeribi, Président du Syndicat national des agences de voyages d’Algérie et directeur de l’agence de voyages Club aventures africaines basée à Alger. « Depuis la fermeture du Tassili Hoggar en février 2010, le nombre de touristes étrangers dans le Grand Sud est en chute libre », affirme cet opérateur dans le métier depuis 35 ans. Et l’année 2013 n’a pas dérogé à la règle. D’après les chiffres du ministère du tourisme et de l’artisanat, environ 6.600 touristes étrangers ont visité les wilayas du Sud entre octobre et décembre 2013, soit 2.500 de moins par rapport à l’année dernière, malgré un parcours touristique saharien “serein” et “sécurisé”, selon les dires de Mohamed Amine Hadj-Saïd. Malgré les quelques réservations de groupes étrangers, – comme celles enregistrées par Driss Hamani, guide à Djanet qui a reçu depuis le début de la saison touristique en septembre cinq groupes de 10 à 15 personnes de nationalités polonaise, française et espagnole – le nombre de touristes étrangers reste « insignifiant », juge le Président du Syndicat national des agences de voyages d’Algérie.

Deux mois pour un visa algérien !

« Il existe une forte demande internationale pour l’Algérie », souligne Bachir Djeribi, « mais le problème est la complexité de la demande de visas qui dissuade tous les clients désirant visiter notre pays », déplore-t-il. Le touriste étranger désireux d’effectuer un voyage dans le Grand Sud algérien devra, en effet, affronter un véritable parcours du combattant pour obtenir son visa. « L’agence de voyage envoie la demande à la Direction du tourisme et de l’artisanat (DTA) qui la transmet au wali qui la renvoie à la DTA qui la transmet au ministère du tourisme et de l’artisanat qui l’adresse au ministère des affaires étrangères qui la fait suivre à l’Ambassade qui l’envoie pour finir au Consulat », énumère le gérant de l’agence de voyages Club aventures africaines. « Tout ce processus prend au minimum deux mois ». Résultat : les touristes étrangers finissent par choisir des destinations plus accessibles et moins coûteuses. D’autant que tous les pays voisins de l’Algérie, délivrent un visa à l’aéroport quand ils ne l’exigent pas du tout. « Dans de telles conditions, on ne peut pas être concurrentiel », constate, amer, Bachir Djeribi. « Lors d’une réunion ministérielle organisée le mois dernier en présence du ministre du tourisme et des principaux acteurs du secteur, nous avons exprimé le souhait de voir cette procédure de demande de visa allégée », témoigne le Président du Syndicat national des agences de voyages d’Algérie. « Nous avons reçu un accord de principe mais, pour l’instant, sur le terrain nous ne voyons rien venir ». Et pendant ce temps, les touristes étrangers choisissent d’autres cieux. Moins bureaucratiques.

 

Facebook
Twitter