Le représentant du ministère public près le tribunal de Bir Mourad Rais a requis de lourdes peines à l’encontre des prévenus dans l’affaire « Algérie Part », dont le lanceur d’alerte Noureddine Tounsi et le youtubeur et directeur d’ « Algérie Part » Abderrahmane Semmar, lors de leur procès qui s’est tenu le 25 octobre.
Seize personnes, dont une femme, sont poursuivies dans cette affaire pour « publication d’information classés secrètes » et « participation à publication d’information classées secrètes » en vertu de l’ordonnance relative à la protection des informations et des documents administratifs.
Le parquet a requis des peines de huit ans d’emprisonnement à l’encontre des dix prévenus en détention préventive, de cinq ans d’emprisonnement à l’encontre de cinq autres prévenus, qui ont comparu libres, et de quinze ans d’emprisonnement par défaut à l’encontre d’Abderrahmane Semmar, directeur du site électronique « Algérie Part ».
Les avocats de la défense estiment qu’il y a une application de la loi d’une manière rétroactive. Selon eux, les faits reprochés sont antérieurs à la publication de l’ordonnance sur la protection des informations et des documents administratifs. Ils estiment également que les échanges qui ont eu lieu entre les prévenus et Abderrahmane Semmar ou « Algérie Part » sont des informations publiques.
Deux reportages sur la télévision nationale
Les seize prévenus dans cette affaire, dont la majorité des employés dans des entreprises publiques comme Naftal, l’aéroport, la direction des douanes, …etc, ont été arrêtés fin 2022. Dans deux reportages diffusés sur la télévision publique et d’autres chaines nationales, les prévenus ont été qualifiés de « traitres » qui collaborent avec « Algérie Part » et son directeur Abderrahmane Semmar « dans le but de porter atteinte aux institutions de l’Etat ». L’avocat de la défense du principal accusé a relevé la violation de la présomption d’innocence de son client et du reste des accusés dans ces reportages. D’après le même avocat, ils ont été diffamés et des éléments du dossier, qui était en cours d’instruction, ont été dévoilés à l’opinion publique.
Le cas de Noureddine Tounsi
Noureddine Tounsi, ancien employé au port d’Oran et lanceur d’alerte n’a rien à voir dans cette affaire, selon son collectif de défense. En détention préventive depuis février 2023 à la prison d’El Harrach, il est poursuivi pour les même chefs d’inculpation que le reste des accusés. Selon sa défense, il a déjà été condamné pour les mêmes faits et a purgé une peine d’un an d’emprisonnement en 2020.
Les avocats de la défense ont demandé l’acquittement de tous les prévenus. Le verdict sera rendu le 8 novembre.