Le procès de l’affaire Khalifa qui s’est ouvert lundi au tribunal criminel près la Cour de Blida se poursuit avec la poursuite de l’audition du principal accusé Adelmoumene Khalifa.
La deuxième journée de l’audition de Abdelmoumene Khalifa a été entamée sur les avantages et les facilités proposées par la Banque Al Khalifa aux entreprises et institutions publiques notamment.
Le juge Menouar interroge Abdelmoumene Khalifa sur l’offre de billets de voyages gratuits sur Al Khalifa Airways à certains responsables pour les amener à déposer l’argent des entreprises et institutions publiques dont ils ont la charge dans les agences de la banque Al Khalifa.
Abdelmoumène Khalifa explique qu’il que ces cartes de gratuités offertes par sa banque, sont en réalité des « cartes de fidélité ». Ces entreprises, notamment publiques (OPGI, Enafor, entre autres), avaient déposé de l’argent et elles pouvaient le retirer à tout moment. De plus, « ces entreprises étatiques ne l’auraient pas fait si elles n’avaient pas l’accord de l’Etat », e-t-il souligné.
Le ministère public l’interroge sur le fait que, les Directeurs généraux des agences et des sociétés Khalifa étaient les mêmes figures qui circulaient, et que ces cadres là, se sont achetés dans la même période des villas à Al Achour, Said Hamdine, Résidence Chaabani, Hydra, Cheraga ( Lotissement Haddad). Abdelmoumene très verbeux depuis le début du procès, répond illico : « Mais vous devriez savoir que la finalité d’une banque consiste entre autres à payer les crédits de logement, et c’est ce dont bénéficiaient nos cadres, comme ont bénéficié les PME, les entreprises nationales, les particuliers et mêmes l’ADDL. A ce propos, le ministre de l’Habitat M. AbdelMadjid Tebboune pourra témoigner ici ». Le représentant du Ministère public le questionne ensuite sur la nomination de deux Directeurs généraux à la tête d’une même agence. M. Khalifa dit qu’au niveau international, le changement à la tête de la Direction générale des banques ne doit pas dépasser deux années et que les DG avaient des spécialisations différentes.
Ma banque n’était pas en faillite en 2003
Le magistrat revient sur le sujet d’achat de la villa de Cannes, supposée payée par un détournement de l’argent de la Banque d’Algérie. Khalifa répond que l’achat de la villa de Cannes est un investissement dans l’immobilier fait par l’entreprise comme le font toutes les entreprises en prévision des temps difficiles, et la commande faite par sa société à Huta City était à travers un crédit documentaire. « N’oubliez pas que je faisais rentrer annuellement l’équivalent de 40 millions de dollars en devise à l’Algérie. J’alimentais la banque algérienne même lors de la dernière année de mon activité ici. Je ne prenais pas de l’argent public, car si je voulais le faire, je ne créerais pas tant d’entreprises dans des secteurs différents dans toutes les wilayas. Je voulais, au contraire, tout faire pour aider mon pays », s’est-il expliqué. Et d’ajouter : « Je tiens là à vous dire à propos de ce que vous nommez faillite de la Banque Al Khalifa, que lors de la dernière inspection de la Banque d’Algérie en février 2003, il restait dans ma banque l’équivalent de 90 millions de dollars, donc elle n‘a jamais fait faillite ! ».
Séance suspendue à 13h
DIRECT
14h- La séance reprend, le juge revient sur l’état de la caisse de la banque au moment de sa fermeture. Khalifa confirme qu’il y avait 94 milliards de DA en 2003.
Le magistrat le reprend alors sur la réalisation de certaines transactions douteuses et l’effacement des traces du swift des bases de données de la Banque. Khalifa nie. Pour lui, il est impossible de procéder à l’effacement de la base de données. En pédagogue, il explique au juge le régime bancaire de par le monde avant de s’offusquer : « Ici, on s’affole quand une banque diversifie ses activités ».
Le juge revient alors sur le bilan des activités de la banque entre 1999 et 2001 qui n’ont pas été envoyée à la Banque d’Algérie et évoque la création de Khalifa d’une société mixte dans le domaine de l’alcool. Khalifa se fâche de cette « invention ».
Sur le retrait de l’agrément d’Al Khalifa Bank par la Banque centrale, l’accusé précise que ce n’est pas cette dernière qui l’a retiré mais plutôt « des individus ». « De toutes les façons ce retrait est illégal car effectué sans la présence de deux commissaires aux comptes comme l’exige la loi », a-t-il lâché.
Une altercation verbale entre Me Bourayou, l’avocat de la BDL constituée partie civile et Me Lezzar avocat de Khalifa éclate. L’avocat de la partie civile apporte des preuves que Khalifa a contracté un crédit auprès de la BDL, tout en allant un peu loin dans son propos contre la défense. Me Lezzar s’emporte : « Vous dites que nous connaissons pas les procédures. C’est scandaleux !». Il menace de quitter la salle.
Le juge a du suspendre l’audience pour calmer les esprits qui s’échauffent.
15h30- La séance reprend. Me Bourayou s’excuse et reformule sa question. Les avocats des parties civiles se succèdent pour interroger l’accusé. Son avocat, Me Lezzar dénonce ce qu’il qualifie « d’attaques » de la partie civile, soulignant que la défense de Khalifa est arrivée amputée au procès.
Il s’explique : « mon client n’a pas été entendu par le juge d’instruction comme l’exige la procédure en la matière. De plus, il subit un traitement inhumain, debout depuis le début de la journée d’hier (mercredi) et assommés de questions orientées ».
Me Lezzar demande une pause dans l’audition. Séance suspendue.
16h 30 La séance reprend. Le juge interroge Khalifa sur le transport de fortes sommes d’argent par des camions, voitures et avions. L’accusé ne nie pas et insinue que le transfert a été effectué avec facilité et que personne pendant plusieurs années ne l’arrêté. « Dans ce cas là, les agents de la Banque d’Algérie seront-ils poursuivis pour association de malfaiteurs ? », interroge-t-il le juge.
Khalifa a révélé par ailleurs qu’il voyait l’ex-liquidateur de Khalifa Bank, M. Badsi, dans des cafés à Londres entre 2005 et 2006, pour discuter des problèmes des déposants.
Les avocats demandent d’avoir la possibilité de contacter leurs mandants dans le box des accusés, car demain, vendredi, c’est la visite des familles au centre pénitentiaire.
Le représentant du ministère public refuse.
17h55- Séance levée. L’audition de Khalia se poursuivra dimanche 10 mai