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Procès Sonatarch1 : Chakib Khelil a insisté pour négocier de « gré à gré » avec Saipem

Par Yazid Ferhat
janvier 5, 2016
Procès Sonatarch1 : Chakib Khelil a insisté pour négocier de « gré à gré » avec Saipem

Le tribunal criminel près la Cour d’Alger a entamé ce mardi le deuxième volet du procès de l’affaire dite Sonatrach1, relatif au projet de réalisation du gazoduc GK3 reliant Hassi R’mel à El Tarf.

 

Appelé à la barre, l’ex-vice-président chargé du transport par canalisations à Sontrach, Amar Zenasni a expliqué comment la procédure d’appel d’offres concernant l’attribution lot 3 du gazoduc qui est revenu à l’entreprise Saipem est devenue une consultation restreinte avant de se transformer en une procédure de gré à gré avec l’approbation de sa tutelle en l’occurrence,  l’ex-PDG du groupe, Mohamed Meziane et l’insistance de l’ex-ministre de l’Energie Chakib Khelil.

M. Zanasni, ingénieur en génie mécanique, spécialité transport par canalisation, poursuivi pour notamment constitution d’association de malfaiteurs et dilapidation de biens publics, a souligné le caractère « urgent » du projet qui prévoit la construction d’un pipe d’une longueur de 750 km de Hassi R’mel à Koudiet Edraouch (El Tarf) dans un délai de 26 mois pour justifier le recours au gré à gré avec Saipem.

L’accusé est revenu sur la procédure lancée par Sonatrach pour la réalisation du projet du temps de son prédécesseur à son pote de vice-président, alors que lui était PDG de l’ENAC (Entreprise national des canalisations) la filiale du groupe public des hydrocarbures. Selon lui, Sonatrach a lancé, au début, un appel d’offres national et international avant de se lancer dans la pré qualification et la partition du projet en 3 lots distincts. Dix huit entreprises ont soumissionné dont Cosider et l’ENAC.

Sonatrach a exigé, a-t-il précisé, que le 3eme lot qui va de Guelma à Skikda sur une distance de 350 km-celui qui allait revenir à Saipem-soit réalisé par des multinationales disposant de moyens techniques et financiers conséquents. Pour ce lot dont le contrat a été passé « en violation de la législation et du règlement », selon l’arrêt de renvoi, 6 multinationales ont été préqualifiées dont Saipem et l’entreprise égyptienne Petrojet qui allait décrocher les deux premiers lots du gazoduc.

« Avec deux offres seulement,  il fallait déclarer l’appel d’offres infructueux »

A l’évaluation des offres, deux entreprises seulement ont soumissionné. Il s’agit de Saipem et d’une entreprise française. L’accusé reconnait qu’à ce moment là, « avec deux offres seulement,  il fallait déclarer l’appel d’offres infructueux ». Toutefois, il plaide le caractère urgent du projet que l’instruction A408 R15 autorise, selon lui. « Tout est urgent dans cette affaire, la télésurveillance, la réalisation de pipe… », s’exclame le juge Mohamed Reggad.

M. Zenasni explique que l’urgence réside dans le fait que le projet doit alimenter en gaz le complexe de liquéfaction de gaz naturel de Skikda et la centrale électrique de 1200 MW en cours de réalisation à Koudiet Edraouch à El Tarf par Sonelgaz. Le juge n’est pas convaincu par ses explications. Il l’interroge : « qui a pris la décision d’aller la poursuite de la procédure après n’avoir reçu que deux offres ? »

« C’est mon prédécesseur au poste de vice-président, Hocine Chriket qui a demandé sa poursuite et le PDG, Mohamed Meziane a accepté », a-t-il répondu. Avant de plaider : «  j’ai pris le train en marche monsieur le président (…) mais j’ai émis le vœu de geler le projet ». Selon lui, il avait jugé le montant de 688 millions de dollars pour la réalisation de 350 km de canalisations tel que proposé par Saipem exorbitant, alors que sa concurrente française a proposé 700 millions.

« Un prix supérieur de 67% de ce qui se fait ailleurs »

Même si le lot est situé dans une région au relief difficile ; au nord du pays et longe la côte ce qui exige des postes de sectionnement tous les 10 km, cela ne justifie pas un tel montant, « c’est pourquoi j’ai chargé le directeur divisionnaire Yahia Messaoud de faire une étude comparative qui a conclu que le prix est supérieur de 67% de ce qui se fait ailleurs ».

L’accusé a affirmé au juge que l’ancien ministre de l’Energie Chakib Khelil l’a invité à son bureau pour savoir pourquoi il veut arrêter la procédure. « Il n’est pas question de l’annuler », m’a-t-il dit textuellement, a affirmé M. Zenasni. Selon lui, le ministre lui a expliqué que si la procédure est refaite, elle pourrait durer jusqu’à trois années. « Et qui te dit que les prix ne vont pas augmenter de 10 ou 20 % entretemps », lui a-t-il confié, avant de lui demander d’entrer en négociation avec Saipem pour réviser le prix à la baisse. « Ça veut dire aller vers le gré à gré ?», reprend le juge. L’accusé acquiesce. «  La négociation est une bonne chose pour nous dans cette situation », a-t-il dit, affirmant que le PDG était au courant.

« Je n’ai pas le pouvoir de remettre en cause la décision du ministre »

M. Zenasni a indiqué qu’il s’est exécuté en se fixant l’objectif d’une réduction allant de 20 à 30 % du montant. La mission a été confiée, au début, au directeur divisionnaire Yahia Messaoud. Les Italiens lui ont concédé une réduction « ridicule » de 1% avant de la porter successivement à 3 puis 8% au fur et à mesure des rencontres avec les responsables de Saipem. « J’ai alors convoqué le PDG de Saipem Algérie Tullio Orsi. Après négociations, il a concédé une réduction de 14,5%. J’ai informé le PDG qui a convenu avec lui d’un rendez-vous avec lui le lendemain. Le PDG a négocié âprement, mais au final, le PDG de Saipem Algérie n’a concédé que 0,5% de plus. Ce qui porte la réduction à 15%, soit l’équivalent de 103 millions de dollars », a-t-il relaté. Il a estimé que ce résultat est satisfaisant vu que le ministre leur demandé une réduction de 12,5%. « Notre objectif était d’atteindre 25% de réduction, le ministre nous demandé de couper la poire en deux ; dans sa lettre il (le ministre de l’énergie) a écrit : ‘’veuillez exécuter le contrat à 12,5%, ce sont des prix réels’’ », a-t-il précisé.

Le juge Reggad, citant un rapport du divisionnaire Yahia Messaoud, l’interroge sur les solutions qui se présentaient devant eux notamment l’annulation de l’appel d’offres ou  l’attribution du contrat à des entreprises nationales, l’accusé répond : «  Le ministre m’a donné une instruction, je ne peux pas ignorer l’instruction du ministre et suivre les recommandations du divisionnaire ». Le juge insiste sur le fait qu’il a passé outre la réglementation en allant vers le gré à gré. L’accusé plaide toujours le caractère urgent du projet. « Je n’ai pas le pouvoir de remettre en cause la décision du ministre », a-t-il poursuivi.

Interrogé enfin sur la relation du fils du PDG, Reda Meziane, M. Zenasni a nié qu’au moment de la conclusion du contrat ne soit au courant que ce dernier est en contrat de consulting avec Saipem.

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