Rabat pourrait ne pas reconduire en 2021 l’accord sur le gazoduc Maghreb Europe -GME- (Hassi R’Mel (Algérie), Séville, via le Maroc), indique le journal marocain « l’Economiste ». Les responsables marocains restent cependant prudents car il faut assurer les approvisionnements de la future centrale maritime à cycle combiné de Djorf Lasfar, au sud de Casablanca.
Officiellement, le Maroc reste lié à l’accord sur le gazoduc Maghreb-Europe, qui traverse le pays et va vers le Portugal, via l’Espagne, à partir des champs gaziers de Hassi R’mel, en Algérie. L’accord, prolongé en 2011, devra s’achever en 2021, date à laquelle le Maroc aura lancé le projet »Gas to power », un méga plan gazier étalé de 2015 à 2030.
Ce projet, doté d’une enveloppe de 4,6 milliards de dollars, prévoit la réalisation, sur le site de Jorf Lasfar, d’un terminal maritime gazier à partir de 2019 et une capacité additionnelle de 2.400 MW de centrales à cycles combinés fonctionnant au gaz. Dans le projet, ce terminal devait être alimenté par le GME.
Mais, selon le quotidien »L’Economiste », qui cite des sources concordantes, le scénario de la non reconduction de l’accord sur le GME est »envisagé » par les autorités marocaines. Selon le ministre de l’Energie Aziz Rebbah, »le Maroc mise sur le terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) de Jorf Lasfar pour répondre aux besoins du marché interne. »
En fait, le Maroc compte sur les récentes découvertes de gisements de gaz dans le nord du pays, mais pas encore officiellement évaluées, pour ses approvisionnements internes. C’est l’une des priorités du gouvernement El Othmani.
La deuxième priorité, qualifiée de stratégique par les autorités marocaines, est la mise en œuvre du gazoduc reliant le Nigeria et le Maroc. »C’est un projet important qui concerne en premier lieu nos deux pays mais aussi ceux par lesquels il va transiter. Il permettra d’alimenter d’abord le marché africain et ensuite exporter vers d’autres marchés européens », estime le ministre de l’Energie Marocain.
Quitter le GME ? Pas évident
Au quotidien L’Economiste, Aziz Rabbah, a confié que »le Maroc développe deux lignes hautement stratégiques, à savoir Jorf Lasfar et le gazoduc Maroc-Nigeria ». Prudent, il précise même que »la ligne reliant l’Espagne à l’Algérie qui passe par le Maroc est tout aussi importante » que les projets en cours on shore au Maroc. Mais, il a évité de parler de »la reconduction ou non de cet accord ».
»Dès maintenant, nous lançons la réflexion sur le gazoduc reliant l’Espagne à l’Algérie car le contrat va s’achever en 2021 », a-t-il souligné, avant de relever que »nous avons intérêt à lancer une étude pour trouver la meilleure vocation pour cette grande infrastructure, aussi bien pour le marché national que celui de l’export du gaz. »
Mais, récemment, le secrétaire général du ministère marocain de l’Energie Abderrahim El Hafdhi avait annoncé à Copenhague, qu’une vingtaine d’entreprises travaillent au Maroc dans la prospection du gaz naturel. Selon lui, »elles ont indiqué qu’il y a des indicateurs très positifs relevés dans plusieurs sites, notamment dans la région de Tendrara (est).
En toile de fond, le Maroc veut ajouter de plus en plus de gaz naturel dans son mix énergétique, constitué à 70% de charbon, et compte sur une production d’énergie renouvelable (solaire, éolien) de 52% à l’horizon 2030.
En 2011, Sonatrach avait signé avec l’Office national de l’électricité (ONE) marocain un accord de vente de gaz naturel de 640 millions de M3 par an sur dix ans, à raison de 0,64 milliard de M3 par an acheminés via le GME.
Le gaz algérien alimente deux centrales thermiques de l’ONE, celle à cycle combiné gaz-solaire d’Ain Beni Mathar (470 MW) et celle de Tahaddart d’une capacité de 385 MW. Le GME, qui dessert l’Espagne et le Portugal via le Maroc et le détroit de Gibraltar, avait été mis en service en 1996.