Si le départ des troupes françaises du Mali et leur redéploiement ailleurs dans le Sahel est quasiment acté, il reste à savoir avec précision quelle sera leur destination future, leurs objectifs et leurs partenaires. Le président français, Emmanuel Macron, devrait répondre à ces interrogations mercredi, à l’occasion du sommet Union africaine-Union européenne, indique l’AFP, citant des sources concordantes.
Désormais indésirable au Mali, la France s’était donné deux semaines pour trancher sur l’avenir de son action au Mali. Paris doit présenter une réorganisation de son dispositif régional, dans une ambiance de fin de règne sur fond de sentiment anti-français croissant au Sahel.
« Si les conditions ne sont plus réunies, ce qui est manifestement le cas, pour qu’on puisse être en mesure d’agir au Mali, on continuera à combattre le terrorisme à côté avec les pays du Sahel qui sont eux tout à fait demandeurs », a souligné lundi soir le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.
Le Niger voisin, un des alliés régionaux des Français, pourrait jouer un rôle central dans le nouveau dispositif. La ministre française des Armées, Florence Parly, s’est rendue à Niamey début février pour s’entretenir avec le président nigérien Mohamed Bazoum.
Paris a consulté en amont les pays membres du groupement européen de forces spéciales Takuba, créé en 2020 à l’initiative de la France pour partager les tâches militaires au Mali. Ce souci de présenter un front européen uni répond à une double ambition: éviter une comparaison peu flatteuse avec le départ unilatéral et chaotique des Américains en Afghanistan en août dernier, et atténuer les reproches ciblant l’ex-puissance coloniale.
Désaccords
Des désaccords ont toutefois filtrés à Bamako entre chancelleries européennes sur la conduite à tenir, contrairement au discours d’unité proclamé dans les capitales, selon plusieurs diplomates interrogés par l’AFP.
Takuba, symbole d’une Europe de la défense chère au président français, censée compenser sur la durée la baisse des effectifs de la force Barkhane, a de fait subi un violent coup d’arrêt. Un contingent danois venu grossir ses rangs a quitté le Mali sur ordre des autorités maliennes, avant que la Norvège renonce à envoyer quelques soldats faute d’accord avec Bamako.
En pleine présidence française de l’Union européenne et à trois mois de l’élection présidentielle française, à laquelle Emmanuel Macron va sans doute se représenter, un retrait forcé du Mali après neuf ans d’engagement au prix de 48 morts français (53 au Sahel) constituerait un cuisant revers.
Mais si ce scénario semble aujourd’hui inévitable au Mali, un départ de l’ensemble du contingent français et européen de la zone est exclu. « Une forme de coopération ne va jamais disparaitre, les Européens ne peuvent pas se passer du Sahel qui est leur voisinage moyen », commente Ornella Moderan, responsable Sahel de l’Institut d’études de sécurité (ISS).
Paris a d’ores et déjà clairement réaffirmé sa volonté de rester au Sahel et en Afrique de l’Ouest.
R.I./Agences