La réforme du régime de change pourrait avoir un imapct sur l’inflation, estime l’universitaire Idriss EL Abbassi.
De report en report, la réforme du régime de change est aujourd’hui une réalité. En effet, après plusieurs mois d’hésitation, le gouvernement a finalement décidé de franchir le pas pour conférer de manière graduelle et progressive plus de flexibilité à la monnaie nationale.
L’objectif est de renforcer la résilience de l’économie nationale aux chocs exogènes, soutenir sa compétitivité et améliorer son niveau de croissance.
Mais en quoi consiste cette réforme, quelles en sont les motivations et les répercussions tant sur l’économie que sur les citoyens ?
Selon M. Idriss EL Abbassi, enseignent à l’Université Mohammed V de Rabat, cette réforme se traduit par l’élargissement de l’intervalle de fluctuation du taux de change marocain. Auparavant, la fluctuation du dirham se faisait dans une bande de +/- 0,3%. Mais à partir d’hier, sa parité est déterminée à l’intérieur d’une bande de fluctuation élargie à ±2,5%, a indiqué M. El Abbasi dans un entretien à la MAP.
Pour cet expert en politique monétaire, cette réforme est devenue nécessaire pour accompagner la dynamique économique du Maroc. Car, a-t-il expliqué, un régime de change évolue, par essence, en fonction du développement du pays de son ouverture sur le reste du monde.
“Plus un pays est ouvert, plus il est développé, plus il tend vers une détermination de la valeur de sa monnaie par le marché (principe de l’offre et de la demande)”, a-t-il ajouté.
M. El Abbassi a fait savoir que nombre d’études ont conclu à la nécessité de cette réforme, eu égard aux contraintes qu’engendre l’ancien régime de change tant pour la compétitivité des entreprises que pour l’ensemble de l’économie nationale.
Cependant, a-t-il précisé, il ne faut pas s’attendre à un changement radical de la situation en bon ou en mauvais dès la mise en œuvre de cette réforme. La flexibilité du régime de change n’est pas la “solution miracle” aux problèmes économiques du Maroc. C’est un élément parmi un ensemble de réformes, a-t-il estimé.
Il a noté à cet égard que l’impact escompté des autorités est une meilleure compétitivité de l’économie nationale, mais pour que cette réforme puisse réussir, elle devrait être appuyée par des actions soutenue au niveau de l’éducation et du marché du travail entre autres.
M. El Abbassi a également tenu à rassurer quant aux implications de cette réforme sur le consommateur et son pouvoir d’achat, relevant à ce propos que les autorités monétaires ont mis en place des instruments pour parer à d’éventuels risques résultant de cette nouvelle politique de change.
Les risques encourus peuvent être au niveau de l’inflation, a-t-il dit, notant qu’une opération pédagogique de la part des autorités monétaires est nécessaire pour contrer les anticipations des agents économiques qui pourraient exacerber les tensions inflationnistes.
Et de souligner qu’en présence de cette tension, les agents économiques feront leurs arbitrages de telle sorte qu’ils peuvent agir sur les impacts négatifs, sachant que la bande de fluctuation reste limitée à +/- 2,5%.
Il a ajouté à ce propos que Bank Al Maghrib s’est bien préparé au passage au régime de change flexible en mettant en place tous les outils et mesures nécessaires à même de réguler la mise en œuvre de cette politique.
Tous les scénarii ont été étudiés et les études prévisionnelles d’impact ont été décortiquées en tenant compte des perspectives de l’économie marocaine, a-t-il assuré, soutenant que le processus de mise en œuvre de cette réforme est maitrisé, sauf retournement radical de tendance aussi bien au niveau national qu’international.