Pratiquement 2 mois après que la décision de régulariser définitivement la situation des titulaires de contrats pré-emploi a été entérinée par l’exécutif sortant au titre du dispositif d’aide à l’insertion professionnelle (DAIP) avec une entrée en vigueur initialement prévue pour décembre 2019 mais de fait reportée sine die, des centaines de milliers de contractuels prennent leur mal en patience et s’interrogent sur les réelles raisons d’une temporisation inopportune.
Et pour cause, l’une des plus importantes promesses de campagne des présidentielles du 12 décembre dernier, serait-elle déjà en train d’accoucher d’une souris ? Bien qu’aux allures populistes au niveau de la forme et un timing pour le moins pragmatique, cette mesure a été saluée puis largement plébiscitée par l’ensemble des protagonistes du secteur de l’emploi, l’insertion professionnelle et la fonction publique.
Cette opération dont les contours ont été tracées lors de la réunion de la commission interministérielle chargée de la mise en œuvre d’un plan d’action progressif, présidée par l’ancien Premier ministre Noureddine Bedoui, devait s’étaler progressivement sur 3 années, permettant à son terme à quelque 374.304 bénéficiaires d’en finir avec la précarité professionnelle et envisager un avenir plus serein.
Cependant, la régularisation de la première tranche de 160.000 contractuels justifiant de plus 8 années d’activité effective n’a toujours pas eu lieu, au grand dam des collectivités locales qui affirment quant à elles, être prêtes à passer à l’action. Les tergiversations en question sont plutôt dures à avaler pour les salariés contractuels, d’autant plus que le gouvernement Bedoui a chargé le ministre des Finances ainsi que l’ensemble des secteurs concernés par cette mission, de mobiliser toutes les ressources financières et humaines disponibles, afin de la mener à bien, tout en insistant sur le respect des les délais fixés.
C’est ainsi que nous apprenons qu’à la wilaya de Tipaza, par exemple, certaines communes ont été priées de reprendre les dossiers relatifs aux candidats à la régularisation mis à la disposition de la DAL (direction de l’administration locale) et de la DEW (direction de l’emploi wilaya), jusqu’à nouvel ordre. Un « retour à l’envoyeur » intempestif qui ne manque pas de justifier les interrogations sur les modalités de mise en œuvre de cette opération.
Pour sa part, l’ANEM de Tipaza justifie ce retard par des « impératifs d’organisation générale » et affirme être assujettie au calendrier des réunions de commissions intersectorielles qui doivent examiner les 2600 cas ouvrant droit à une régularisation imminente de leur situation. L’Agence nationale confirme néanmoins être en mesure de satisfaire toutes les demandes à condition qu’elles soient dotées de postes budgétaires.
Pour rappel, le plan d’action mis en place par la commission interministérielle de suivi du projet devrait toucher 160.000 bénéficiaires avant fin 2019, pour ceux ayant totalisé plus de 8 années d’activité effective et 105.000 bénéficiaires en 2020, pour ceux ayant entre 3 et 8 années d’activité effective.
L’intégration en 2021, date de la fin de l’opération, des bénéficiaires restants ayant moins de 3 années d’ancienneté et dont le nombre s’élève à plus de 100.000.
Kheireddine Batache