Par Younès Djama
Pressenti, un temps, pour prendre la présidence du conseil de surveillance de l’autre constructeur français, Peugeot, le nouveau patron de la marque au losange aura la lourde tâche de restaurer la confiance avec ses deux autres partenaires nippons de l’Alliance, Nissan et Mitsubishi.
Jean-Dominique Senard, 66 ans, devrait être nommé aujourd’hui, président du constructeur automobile français Renault, en remplacement de Carlos Ghosn, incarcéré au Japon suite aux accusations de mauvaises conduites financières portées contre lui, rapportent des médias français. Le quotidien Le Figaro rapporte que le Conseil d’administration de Renault se réunit aujourd’hui pour acter le départ de son PDG emblématique, incarcéré depuis deux mois à Tokyo.
Le nouveau patron de Renault qui devrait quitter son poste actuel d’administrateur du groupe Michelin au mois de mai prochain, sera secondé par Thierry Bolloré, directeur général adjoint sous l’ère Ghosn, qui devrait être promu directeur général. Après une gouvernance transitoire mise en place le 20 novembre dernier, succède donc une gouvernance « pérenne », selon les vœux de Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie. Le désormais ex-président de Renault devrait selon « toute probabilité » remettre sa démission ce jeudi, par l’intermédiaire de ses avocats.
Un divorce d’avec Nissan coûterait une fortune
D’aucuns s’accordent à dire que le premier chantier, et non le moindre, pour le nouveau tandem à la tête de Renault, sera de restaurer la confiance avec les partenaires nippons Nissan et Mitsubishi. « On ne peut pas dire que la confiance est rompue, mais elle semble bien abîmée », relève une source au sein du groupe au Losange au journal économique Les Echos. En fait, du temps il en faudra mais les responsables de Renault n’ont pas d’autre choix que de renouer les liens avec les partenaires japonais. Un divorce d’avec Nissan coûterait une fortune. « On ne peut pas se le permettre, compte tenu des besoins d’investissement dans le secteur en ce moment ! », soutient-on du côté du constructeur français. Le rôle des nouveaux dirigeants et plus spécialement du président sera aussi d’arriver à un accord sur la gouvernance non seulement à la tête de l’Alliance, mais aussi de Nissan. « Ce sera l’un de ses grands enjeux », explique un proche du groupe.
Les atouts de Jean-Dominique Senard
Un des collaborateurs de M. Senard à Michelin décrit en lui sa capacité à être à l’écoute, « ce qui lui permet de fédérer une équipe autour de lui ». Des commentateurs mettent en avant son aptitude à prendre des décisions difficiles. « Il l’a démontré lors de la restructuration de l’outil industriel de Michelin en France, qui s’est traduite par la fermeture du site poids lourds de Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire) et celui de rechapage de La Combaude à Clermont-Ferrand. Ces fermetures, sans heurts importants avec les salariés et les syndicats, n’ont altéré ni sa réputation ni celle de l’entreprise », décrit le quotidien Le Figaro.
Diplômé de HEC et titulaire d’une maîtrise de droit, il a fait le choix du monde de l’entreprise, d’abord au sein de la direction financière de Total, en 1979, puis à la direction de la trésorerie de Saint-Gobain, en 1987.