L’affaire Cambridge Analytica d’utilisation des données de Facebook a renforcé les craintes de nombreux usagers des réseaux sociaux. Mais ces derniers gardent tout de même leur attrait.
“De nombreux utilisateurs de médias sociaux affinent leur comportement pour tenter de rendre les choses moins difficiles ou déstabilisantes, notamment en modifiant leurs paramètres de confidentialité et en limitant l’accès à leurs profils”, affirme une récente étude menée aux Etats-Unis par Pew Research Center (PRC).
Environ 69% des adultes américains “déclarent utiliser une plateforme de médias sociaux (YouTube exclu)”. “La croissance a touché tous les groupes démographiques et comprend 37% des personnes de 65 ans et plus”. Les sondages de PRC “ont constaté au fil des ans que les gens utilisent les médias sociaux pour des interactions sociales importantes”, affirme l’étude.
Parmi ces interactions : “rester en contact avec leurs amis et leur famille et se reconnecter avec de vieilles connaissances” ou lier des amitiés et parfois des “relations amoureuses”, en particulier pour les adolescents.
En outre, PRC estime que les médias sociaux “jouent un rôle dans la participation des citoyens aux activités civiques et politiques (comme lancer et soutenir des manifestations)”, ou “obtenir et partager des informations sur la santé, la politique, la famille…). “En effet, les médias sociaux sont maintenant aussi une voie d’accès aux nouvelles pour les utilisateurs qui ne rendent plus directement sur un site ou une application d’une agence de presse”.
Cependant, avec les récents développements sur l’utilisation des données des usagers de Facebook par la société Cambridge Analytica, et auparavant par des applications comme WhatsApp qui monétisent la data de ses utilisateurs, l’étude de PRC a noté une inquiétude chez les gens sur leur “vie privée” et sur “l’utilisation de leurs données personnelles” par les réseaux sociaux.
“Les études du Pew Research Center ont montré que les gens sont anxieux à propos des informations personnelles qui sont collectées et partagées (par les réseaux sociaux, ndlr) et de la sécurité de leurs données”. En 2014 déjà, un sondage a révélé que “91% des américains “sont d’accord” ou “fortement d’accord” avec le fait que les gens ont perdu le contrôle sur la façon dont les renseignements personnels sont recueillis et utilisés par toutes sortes d’entités”.
“Environ 80% des utilisateurs de médias sociaux se disent préoccupés par le fait que les annonceurs et les entreprises accèdent aux données qu’ils partagent sur les plateformes de médias sociaux, et 64% affirment que le gouvernement devrait en faire plus pour réglementer les annonceurs”.
“Un autre sondage réalisé l’an dernier a révélé que seulement 9% des utilisateurs de médias sociaux étaient “très confiants” que ces entreprises protégeraient leurs données. Environ la moitié des utilisateurs n’étaient pas du tout ou pas trop confiants que leurs données étaient entre de bonnes mains”, précise PRC dans son étude publiée le 27 mars 2018.
De quoi s’agit-il ?
Craintifs ou confiants, les usagers des médias sociaux “ont du mal à comprendre la nature et la portée des données recueillies à leur sujet”. “Seulement 9% croient qu’ils ont “beaucoup de contrôle” sur les informations recueillies à leur sujet, même si la grande majorité (74%) disent qu’il est très important pour eux de contrôler qui peut obtenir leurs données”.
Selon l’étude, “six américains sur dix (61%) aimeraient en faire plus pour protéger leur vie privée”, les deux tiers déclarent que “les lois actuelles ne sont pas assez bonnes pour la protection de la vie privée” sur le net, et “64% soutiennent une plus grande réglementation des annonceurs”.
Nombreux parmi les répondants disent espérer que la nouvelle réglementation sur la protection des données de l’Union européenne, qui entrera en vigueur le 25 mai, “offrira aux utilisateurs américains une meilleure protection de la collecte de données par les entreprises, de leur utilisation et de la façon dont les consommateurs ont la possibilité de voir ce qui se passe avec leurs informations”.
Cependant, ces “grandes inquiétudes” n’indiquent nullement que les gens vont quitter en masse les plateformes de médias sociaux. Selon des experts de Pew Research Center ” les gens ont souvent du mal à se déconnecter parce qu’une grande partie de la vie moderne se déroule sur les médias sociaux”.
“Ces experts estiment que le débranchement est difficile parce que les médias sociaux et les autres avantages technologiques facilitent la vie et parce que les plateformes offrent aux utilisateurs un moyen très efficace et convaincant de rester en contact avec les personnes et les organisations qui comptent pour eux”. Ce qui n’empêche pas les internautes d’ajuster “leurs comportements en ligne, en fonction des circonstances personnelles et politiques”, en optant pour le contrôle de confidentialité de leurs informations personnelles.