Le Parlement européen a adopté, à la majorité, jeudi 11 mai une résolution épinglant l’Algérie sur la situation de la liberté de la presse et le cas du journaliste Ihsane El Kadi, condamné à cinq ans de prison dont trois ans ferme. Cette résolution a suscité de violentes réactions des médias, de partis politiques, d’institutions et d’organismes proches du pouvoir.
Dérapage, ingérence, conspirations contre l’Algérie, allégations mensongères…C’est par ces mots que des partis politiques, des institutions, et médias proches du pouvoir ont qualifié la résolution du Parlement européen, adoptée jeudi 11 mai contre l’Algérie sur la liberté des médias et le cas d’Ihsane El Kadi. Cette résolution a été adoptée à la majorité par 536 voix pour, 4 contre et 18 abstentions, avec une série de recommandations dont « la libération immédiate » du journaliste Ihsane El Kadi et des détenus d’opinion arbitrairement emprisonnés.
« Cette dépravation et ce dérapage dangereux, rejetés, représentent une immixtion récurrente dans les affaires internes d’un Etat souverain. Il s’agit, en fait, d’un déchainement de parties malveillantes qui ont, toujours, instrumentalisé cette institution, la dénuant de toute crédibilité auprès des âmes éprises de liberté de par le monde », a pesté dans un communiqué le Conseil de la nation, première institution à réagir.
« Le Parlement européen ajoute une couche sombre à sa crédibilité » a titré, pour sa part, l’agence de presse officielle. « Le Parlement européen a voté ce jeudi, une résolution qui ajoute une couche sombre à sa crédibilité déjà bien entachée par les scandales de corruption qui ont touché plusieurs de ses députés », lit-on sur le site de l’APS.
L’Assemblée populaire nationale ( APN ) a, quant à elle, condamné une résolution « au contenu infondé et erroné », tandis que les parlements arabe et panafricain ont qualifié cette résolution « d’ingérence » dans les affaires internes de l’Algérie et des pays arabes et africains et « d’allégations fallacieuses et mensongères ». Dans des termes similaires, les partis pro-pouvoir le FLN, le RND et le Front El Moustaqbal ont qualifié la résolution d’une « ingérence dans les affaires d’un état indépendant et souverain ».
Même son de cloche chez le Conseil supérieur de la jeunesse, un des organismes créé en 2020, le Conseil national des journalistes algériens (CNJA), l’Union nationale des journalistes et médias algériens, l’Observatoire national de la société civile (ONSC) ou encore l’UGTA. Des médias ont également joint leurs voix à ce tollé, à l’image du quotidien arabophone El-Khabar qui a titré en UNE, « Le Parlement européen …Le masque est tombé » ou encore le quotidien El-Michouar Essiassi (Le parcours politique) qui a titré « Des erreurs au service de complots contre l’Algérie : dérapage dangereux du Parlement européen », pour ne citer que quelques titres.