Les plans d’actions dans le domaine de la politique de sécurité alimentaire et de l’agriculture en Algérie « ne s’inscrivent pas dans une vision claire avec des moyens suffisants », a expliqué l’agroéconomiste Ali Daoudi, ce dimanche matin, lors de son passage à la Chaine 3 de la Radio Algérienne.
Pour lui, « L’Algérie a tout intérêt à se doter d’une véritable politique de sécurité alimentaire », car le contexte géopolitique actuel montre que « l’arme alimentaire » est une menace brandie par « les grandes puissances mondiales, qui ont bien compris que la souveraineté agricole devient un attribut qu’il faut maitriser ».
Le professeur à l’Institut national d’agronomie (INA) déplore que « les plans d’actions ne s’inscrivent pas dans une vision claire avec des moyens suffisants ». Il appelle à « augmenter le budget consacré au développement de l’agriculture et à l’utiliser plus efficacement, à travers une stratégie claire et des instruments évalués régulièrement pour l’élaboration desquels les agriculteurs doivent être impliqués ».
Même s’il exclut la pénurie en Algérie, l’agroéconomiste s’attend à une hausse de la facture d’importation des céréales. Pour autant, il estime que les gains consécutifs à la hausse des cours du pétrole permettent à l’Algérie de supporter la hausse des prix, qu’il qualifie d’inédite.
« A partir de 2015, les prix se sont stabilisés autour de 150 dollars la tonne de blé, alors qu’aujourd’hui, ils sont à 380 voire 400 dollars la tonne. Cette hausse des prix a débuté en 2021, mais elle s’est accentuée et a connu une forte accélération à partir de février et mars de cette année », explique le Pr Daoudi.
À cet effet, l’expert appelle à retenir les leçons : « d’abord, la fin définitive de la période d’abondance et de prix bas des produits agricoles sur le marché mondial », et prédit « une hausse de la demande mondiale avec une offre qui aura du mal à suivre et des crises de plus en plus fréquentes ». Il appelle à se préparer à ce type de scénarios et recommande « la création d’une Agence de sécurité alimentaire : un organe qui serait indépendant, qui ne subirait pas la pression des décisions à court terme et pourra accompagner les gouvernements successifs dans la mise en œuvre d’une stratégie agricole à long terme ».